Les médias vous ressemblent-ils ? C’est la question posée dans ce dossier Régulation. Cette question fait écho à l’essence même des services audiovisuels que nous consommons au quotidien, depuis les fictions et séries qui rythment nos soirées, jusqu’aux publicités, en passant par les programmes tv et les JT. Cette essence, c’est la ressemblance. Pour qu’un média nous parle, il doit aussi nous ressembler. D’un autre côté, le média est aussi performateur et nous dicte ce que nous sommes ou ce que nous devrions être… Celles et ceux qui produisent et diffusent les images qui habitent nos écrans ont donc une responsabilité sociale importante, parce que les représentations véhiculées dans ces images ont un poids.
Régulation a rassemblé 11 expert.e.s du secteur pour interroger les images véhiculées dans les programmes télévisuels et dans la communication commerciale. Il y a quelques semaines, le Baromètre Diversité et Égalité du CSA passait au crible plus de 82.000 intervenant.e.s pour dresser l’état des lieux de la diversité sur nos écrans. A la lecture des résultats, un constat général : depuis 2011, les résultats stagnent et ne s’améliorent pas vraiment. Pire, ils régressent dans certains cas. Les personnes issues de la diversité sont encore moins visibles dans nos écrans qu’en 2013. Les femmes, pourtant majoritaires dans notre société, restent sous-représentées et sont soumises à des stéréotypes de genre dans les programmes et dans la pub. Les personnes en situation de handicap sont presque absentes de certains programmes, inexistantes pour d’autres… Il semble donc urgent de dépasser les initiatives informelles reposant sur la bonne vigilance des uns et des autres et de sensibiliser l’ensemble de la chaîne de production-diffusion audiovisuelle.
Ce ne sont pourtant pas les idées et les initiatives qui manquent. La question du sexisme aura sans doute marqué l’année 2017, à l’échelle mondiale. Chez nous, la diffusion d’une campagne publicitaire de la marque Lidl a pour la première fois été sanctionnée pour non-respect du principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Un an plus tôt, le décret audiovisuel a également renforcé l’objectif d’égalité entre les femmes et les hommes. Enfin, des initiatives, comme Expertalia, entendent améliorer la visibilité, notamment des femmes, à l’écran.
La diversité dans les médias, une question globale
Nous avons les moyens de faire évoluer le secteur audiovisuel vers une meilleure représentation de la diversité. C’est sans doute la conclusion de la plupart des intervenant.e.s de ce dossier. Certain.e.s, comme Rokhaya Diallo, Nelly Quemener, Joëlle Desterbecq, Sandrine Sepul et Luc Boland, décryptent les mécanismes qui expliquent les stéréotypes véhiculés par les médias. L’intérêt marqué par les publics pour les matières de diversité dans les médias est pointé par Manon Letouche. D’autres apportent des solutions et des outils qui permettraient de faire évoluer les choses. Halima Elhaddadi a coordonné le projet Expertalia, une base de données qui répertorie des expertes femmes et des hommes issus de la diversité pour faciliter le travail de recherche des journalistes. Du côté des télévisions locales, Fabien Bourgies annonce qu’une attention particulière doit être apportée aux sports féminins. Valérie Janssens envisage les outils de ciblage publicitaire comme une possible méthode pour lutter contre les stéréotypes de genre. Safia Kessas s’interroge sur l’utilité d’appliquer une « grille genre » au sein des rédactions. Enfin, Deborah Williams, du Creative Diversity Network nous explique comment, au Royaume-Uni, la diversité est devenue une affaire de business pour les médias.
Tout au long de ce dossier, nous vous invitons à découvrir les initiatives et les idées qui entendent chacune apporter un élément de réponse à notre question de départ.
Bonne découverte.
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