Ce mois-ci, regulation.be se consacre à la diversité dans nos médias et vous propose une série d’entretiens avec des professionnel.le.s du secteur et des personnalités issu.e.s du monde académique.
Chiffres à l’appui, le CSA observe l’évolution de nos médias au fil des baromètres de l’égalité et de la diversité qu’il publie régulièrement depuis 2011. En mars dernier, le CSA a publié les résultats d’un double baromètre consacré à la radio. Le premier volume dresse un état des lieux de l’égalité et de la diversité dans les programmes des services radiophoniques à la lumière des critères de genre, d’origine, d’âge, de catégorie socio-professionnelle et de handicap. Le deuxième volume se penche sur la représentation des femmes et des hommes au sein de la communication commerciale diffusée en radio. Une première pour le CSA dont les précédents Baromètres de l’égalité et de la diversité étaient dédiés aux programmes et à la communication commerciale en télévision.
Les conclusions de ces deux études pointent une sous-représentation de la diversité en général et des stéréotypes bien présents en radio. En matière de communication commerciale, l’étude montre que la publicité tend aujourd’hui encore à assigner des rôles différents aux personnages selon qu’il s’agit d’hommes ou de femmes. Elle souligne également la permanence de certaines représentations stéréotypée. Du point de vue des programmes, si l’on relève des spécificités propres à la radio, de nombreuses tendances rejoignent celles identifiées dans les précédents Baromètres des services télévisuels. Les modes de consommation étudiés changent mais les mécanismes semblent se répéter.
Pour le CSA, l’heure n’est plus à l’analyse, mais à l’action concrète. L’instance de régulation a même formulé une série de recommandations adressées au secteur et au pouvoir public et invite à se poser la question d’initiatives plus contraignantes et recourant à la voie législative et réglementaire. Dans son entretien, le Président du CSA, Karim Ibourki, insiste sur l’importance de voir au-delà des chiffres. Pour lui, “il ne suffit pas d’inviter 50% de femmes sur un plateau télévisé ou lors d’une émission radio si c’est pour les relayer à des rôles secondaires. Il faut aussi et surtout accompagner ces objectifs d’une véritable réflexion sur les rôles, les métiers et les fonctions de chacune et chacune”.
Pour accompagner ces constats et les recommandations du CSA, regulation.be a donné la parole à des experts et des expertes provenant d’horizons variés. Nous avons rencontré Laurence Corroy, Professeure des universités en Sciences de l’Information et de la Communication à l’université de Lorraine – CREM, et Sophie Jehel, Maitresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication- CEMTI. Ensemble, elles ont dirigé l’ouvrage : Stéréotypes, discriminations et éducation aux médias, paru en 2016 et publié l’an passé un article dans la revue Communication intitulé : « Que peut-on attendre d’une régulation du sexisme dans la publicité en France ? » (vol. 37/2 | 2020). Dans cet interview, elles nous livrent leurs regards sur le poids des stéréotypes de genre véhiculés par la communication commerciale, la difficulté à déconstruire les stéréotypes pour les annonceurs et les producteurs de fictions, et les leviers à mettre en œuvre.
On vous invite également à découvrir le monde de Tarmac, avec son chef d’orchestre Thomas Duprel qui a voulu mettre en place un média qui “ressemble aux jeunes générations dans toute leur diversité, comme celle qu’on retrouve dans le métro”. Une identité qui a poussé ce média à engager naturellement du personnel diversifié qui propose du contenu “authentique” à son public. Nous sommes aussi allés à la rencontre de Safia Kessas , en charge de l’égalité et la diversité à la RTBF et qui est à l’origine du projet “Les Grenades”. Un média qui traite l’actualité avec un regard féministe. Mélanie Cao nous partage aussi son expérience et défend l’intérêt du podcast en tant que médium plus inclusif. Elle est, entre autres, l’autrice d’un podcast sur l’architecture “Les femmes et la brique” pour le collectif d’écriture féministe “La Bâtarde”. Selon elle, là où les rédactions classiques restent encore majoritairement blanches et masculines, “Le podcast participe à renouveler le paysage médiatique puisqu’on voit aussi des personnes qui n’ont pas suivi un parcours de journalisme classique s’en emparer, amenant souvent une originalité de ton et de contenu”. Nous avons aussi franchi nos frontières linguistiques pour rencontrer la jeune entrepreneuse flamande Hanan Challouki et lui présenter les résultats du Baromètre du CSA. Si vous ne la connaissez pas, sachez que Forbes l’a classée dans les 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes en Europe. Elle est à l’origine de plusieurs agences de communication dont les fondations reposent sur des valeurs d’inclusion et de diversité. Elle a également créé un média qui traite l’actualité avec, comme point de départ, des informations positives dont les protagonistes ont un lien avec la communauté musulmane. La Présidente de l’association FAM (Female Association of Marketing), Isabel Verstraete était également invitée à s’exprimer. Son association est un réseau d’échange, de partage et de conseils entre professionnelles du secteur du marketing. Son objectif : mettre en exergue les femmes dans le secteur du marketing, briser le plafond de verre et partager les expériences. Dans son entretien, elle insiste, notamment, sur l’importance pour les femmes de se constituer un réseau. Chainon indispensable, selon elle, pour se faire une place dans le monde du marketing, se sentir moins isolée, échanger et faire carrière.
Nous vous souhaitons bonne lecture.
Le baromètre de la diversité et de l’égalité en radio