Revenons au local. Vous avez souhaité la disparition des radios provinciales lors du prochain plan de fréquences. Ne percevez-vous pas une contradiction entre ce discours et les valeurs que vous défendez ?
Je n’ai jamais exprimé un tel souhait. J’ai pointé une situation problématique concernant certaines d’entre elles, qui ne sont pas viables et/ou dont les contenus sont aujourd’hui captifs d’une régie publicitaire. Et comme ce propos n’a pas plu à certains, on l’a déformé et caricaturé. Les places en FM sont comptées. À l’intérieur de ce paysage raréfié, qui sont ceux qui peuvent encore exister demain ? Pour moi, ce sont ceux qui ont respecté leurs engagements, qui mettent en valeur les artistes de la Belgique francophone et qui parviennent à vivre économiquement. Ce que je constate, c’est que DH Radio, Must FM Maximum FM et BX FM sont soit en délicatesse financière soit ne respectent pas les engagements pris. Ce sont ces radios-là que je visais. Pas les radios provinciales Antipode et Sud Radio qui ont bien mené leur barque en respectant leurs engagements. . Ces deux-là mériteraient de voir leur autorisation prolongée lors du prochain plan de fréquences. Par ailleurs je ne vois pas en quoi une radio provinciale (et encore plus une radio locale !) qui diffuse même partiellement un programme national que lui fournit la régie publicitaire du groupe RTL contribue à la diversité et au pluralisme.
Mais le marché publicitaire en radio se porte très bien. Vous le soulignez vous-même. Ne peut-on pas faire de la place pour tout le monde ?
Must, Maximum et BXFM ont été contraints de se faire franchiser par la webradio Mint pour pouvoir trouver un certain confort financier et accéder à des ressources publicitaires. Concrètement, ces radios ont délibérément intégré des contenus d’une autre radio appartenant au groupe RTL pour survivre. Mais si Mint obtient un réseau demain, que vont devenir ces radios ? Où se trouve leur véritable identité ? Où va aller leur public ? On parle ici du pluralisme. Cette valeur se définit notamment par l’indépendance des structures, à savoir le fait d’avoir différentes radios appartenant à des groupes différents sur un même paysage. Elle se définit aussi par une offre diversifiée. Si ces radios locales ou provinciales commencent à adopter la même identité dans le but de faire connaitre une autre radio, alors pourquoi défendre à tout prix leur maintien au nom du pluralisme ? Préserver le pluralisme structurel, c’est aussi s’assurer (comme c’est la mission du CSA) que ces structures poursuivent leur travail de production de contenus indépendants et originaux.
Dans le cadre du prochain plan de fréquences, essayons un autre pluralisme structurel qui offre d’une part de nouvelles perspectives à ceux qui ont fait leurs preuves et respecté leurs engagements afin qu’ils puissent élargir leur offre et qui permet d’autre part à d’autres de réapparaître, comme certains réseaux provinciaux, dans leur forme actuelle ou sous d’autres formes. Nous plaidons la souplesse dans la nouvelle architecture des fréquences.
Pour continuer à faire prospérer le monde de la radio en Belgique francophone, il faut marier pluralisme de médias et de services,, efficacité économique et, du côté du CSA, respect des cahiers des charges. Je suis certain qu’à ces conditions, chacun trouvera sa place à l’avenir pour autant qu’il ait une réelle identité et un réel public.
[1] Décret coordonné sur les Services de Médias Audiovisuels.
En réaction à cet entretien, lire aussi le droit de réponse rédigé par Grégory Pirotte, directeur de Maximum Fm.