De gauche à droite: Laetitia Rausch -Responsable financière, RH et de TV Lux Prod-, Nicolas Léonard – Directeur général-, Frédéric Feller- Rédacteur en chef-.
Entretien avec Nicolas Léonard, Directeur général de TV Lux
Ce vendredi 9 février 2024 marque le début de la « période électorale » pour les médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles, soit 4 mois avant le scrutin pour les élections fédérales, régionales et européennes. À partir de cette date, le « règlement élections » adopté par le Collège d’avis du CSA est d’application pour l’ensemble des médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce règlement édicte les principes que devront respecter les médias lors des élections de juin et d’octobre 2024 afin de garantir au public une couverture objective, équilibrée et représentative des différentes tendances idéologiques, philosophiques et politiques et lui permettre de se façonner son point de vue pour prendre part à la vie démocratique.
Nous avons posé quelques questions aux médias qui couvrent les élections pour mieux comprendre la manière dont ils envisagent de couvrir les élections. Parmi ces médias, on retrouve TV Lux et son directeur général Nicolas Léonard.
En tant que professionnel des médias qui couvre les élections, quels sont les enjeux sur votre métier que vous percevez autour du double scrutin en juin et octobre de cette année ?
Une nouvelle fois, mais peut-être plus que jamais auparavant, l’enjeu pour les médias sera de démontrer notre crédibilité, de façon très concrète. Cela passera par un travail méticuleux de décryptage des enjeux et des informations, mais aussi une attention particulière portée au « fact checking ».
Tout en conservant évidemment un regard critique il s’agira aussi de faire remonter les demandes/préoccupations du grand public vers les candidats, d’être une caisse de résonance de leur réalité.
Comment percevez-vous votre rôle auprès des politiques et des citoyens ?
En tant que média de proximité nous devons d’une part relier les propositions régionales et/ou fédérales aux réalités de notre province et de nos communes. La rédaction de TV Lux va donc s’employer à faire œuvre de pédagogie et à mettre propositions et enjeux en perspective.
D’autre part, nous devons aussi mettre notre très bonne connaissance du terrain et des différents dossiers pour vérifier chaque proposition électorale faite, tordre le cou aux effets d’annonce, pourfendre les déclarations populistes, non vérifiables, non réalistes…
Enfin, alors que la communication se propage à une vitesse folle sur différents supports nous devons également mener un fact-checking régulier et, bien entendu, ne pas laisser de place aux fake news.
Comment préparez-vous vos équipes pour cette couverture exceptionnelle ? Quelles sont réflexions que vous avez menées pour rédiger votre dispositif ?
Il est fondamental de proposer au personnel de se former de manière pratique (traitement des data, fact chacking,…) Ensuite, il faut permettre, selon les moments (avant, pendant et après les élections), aux journalistes dédiés de consacrer 100% de leur temps aux élections (préparation des interviews, des débats, recherche dans les archives et les documents officiels…).
Au sein de TV Lux, la préparation aux élections est en cours depuis plusieurs mois. Et une formation, en plusieurs volets, a été donnée aux équipes pour maîtriser le b-a-ba des grammaires de la publication digitale.
Dans le cadre de la rédaction de notre dispositif électoral nous avons mené plusieurs réflexions autour des critères d’accessibilité aux débats et émissions, aux équilibres femmes-hommes, aux critères possibles justifiant une exclusion, notamment. Nous avons adapté le dispositif de 2019 aux nouvelles réalités, au nouveau règlement du CSA et aux nouvelles normes déontologiques. Nous avons également tenu compte des spécificités de la province de Luxembourg.
En quoi votre média proposera-t-il une approche singulière pour couvrir ces élections ?
Nous allons proposer des clés de compréhension des enjeux, sur notre site mais aussi sur les réseaux sociaux, avec le ton et la grammaire adaptés.
Dans le cadre des débats que TV Lux organisera avant les élections fédérales/régionales, nous aurons en plateau des étudiants de dernière année du secondaire qui auront préparé leur venue en classe, avec leur professeur. Après le débat mené par les journalistes, ils interviendront dans le cadre d’un second round au cours duquel ils pourront poser leurs questions. Cela fera l’objet d’une diffusion à part, avec des capsules spécifiques sur le web et les réseaux sociaux. Ils seront eux-mêmes invités à diffuser sur les réseaux sociaux. Nous étudions la faisabilité de leur faire réaliser du fact-checking en direct.
Les campagnes politiques se déplacent aussi largement en dehors des canaux médiatiques traditionnels. Comment prenez-vous en compte cette évolution au sein de votre média ?
D’une part, tout le travail journalistique trouvera écho sur le web et les réseaux sociaux, avec les formats et les tons nécessaires. Nous allons aussi demander au jeune public qui sera présent lors d’une partie des débats de relayer leur activité sur les réseaux.
D’autre part, les équipes sont encouragées et formées à une veille digitale, sur internet mais aussi sur les réseaux sociaux. Avec toutes les précautions que cela nécessite.
Le règlement sur la couverture électorale adopté au CSA définit une série de cadres qui répondent à des principes importants tels que le pluralisme, l’égalité femmes-hommes ou encore la visibilité des petites listes. Comment avez-vous intégré ces derniers dans votre dispositif pour couvrir la période électorale ?
Ces éléments figuraient déjà dans les dispositifs des élections antérieures. Leur mise à jour, selon les recommandations du CSA, ont été discutées avec la rédaction en chef et avec les journalistes en charge des matières politiques.
Ces éléments ont été transcrits en des principes clairs, équilibrés et transparents.