C Local : Des reportages locaux réalisés par le public de Télésambre 

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« regulation.be » vous emmène à la rencontre d’une série d’acteurs et d’actrices des Médias de proximité que ce soit pour évoquer l’information locale par exemple, l’archivage et la numérisation, ou encore l’ancrage et le lien social de ces médias. 

Dans cet article, nous nous sommes entretenus avec Marc Boucherai, caméraman-monteur et Eric Ghislain, rédacteur en chef adjoint, de Télésambre pour en savoir plus sur l’émission C Local, un émission très particulière au sein du paysage médiatique et qui fait partie intégrante de l’ADN de ce Média de proximité. 

« Andy Warhol  a dit que chacun aura droit à son quart d’heure de célébrité, chez nous c’est plus ou moins 6 minutes », plaisantera Marc au cours de l’entretien.  

En effet, C Local est un programme court diffusé chaque semaine qui met à l’honneur les manifestations socioculturelles, les artistes ou encore les associations qui ne trouvent que très peu de place dans la presse écrite locale ou dans le JT de ce média. « Cette émission est parfois la seule façon qu’ont les habitants de notre zone de couverture de parler des performances de leur club de cyclisme, leur petite troupe de théâtre, etc », ajoute Marc. « Cette émission est une sorte de monopole que nous avons, nous confie Eric Ghislain, les focus que nous réalisons sur les activités de la région sont différents de ce que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux ou les autres médias. Nos téléspectateurs ont besoin d’authenticité par rapport aux sujets et aux images déjà largement partagées par les autres médias. Ils savent que dans C Local, les gens sont filmés et acceptés tels qu’ils sont, avec leurs fautes de français et parfois un verre dans le nez, » rigole-t-il. Il y a une authenticité, une proximité. Nos téléspectateurs peuvent y voir leur voisin, leur cousine ou leurs amis d’enfance et ça leur parle ».  

Et Marc Boucherai d’ajouter, « il y a une forme d’empathie dans l’ancrage locale de ces reportages ». 

Mais si nous avons décidé de consacrer un article à ce programme, ce n’est pas pour ces spécificités d’ancrage locale, d’empathie ou de mise en lumière d’activités socioculturelles qui pourraient être jugées comme peu digne d’intérêt. Si nous avons décidé de vous parler de « C Local » c’est parce que ce programme est en grande partie réalisée par des téléspectateurs. Au CSA et dans les textes qui fixent les missions de service public des Médias de proximité, on parle de programme de « participation citoyenne ». Télésambre, appelle ces téléspectateurs, ces citoyens, leurs « correspondants ». 

Derrière la caméra, nous retrouvons actuellement deux équipes de bénévoles : Didier Lefebvre et Viviane Vankerckhove constituent la première équipe et Michel Van De Velde, seul pour la seconde. Tandis que les uns couvrent plus les activités de Charleroi, l’autre couvre plus le Sud de la botte du Hainaut. Tous les trois sont retraités et réalisent tous les sujets diffusés de C Local bien que n’étant pas des professionnels de l’audiovisuel.  

Didier et Viviane sont là depuis plus de trente ans, dès l’origine du programme. Michel quant à lui, n’a pas à rougir puisque, même arrivé plus tardivement, c’est depuis les années 2000 qu’il s’est joint aux correspondants locaux de Télésambre, soit près d’une vingtaine d’années de services. 

Mais comment s’organise une telle collaboration entre téléspectateurs et professionnels de l’audiovisuel ? 

Chaque semaine, les correspondants envoient à Marc et Eric une série de propositions de sujets qu’ils souhaitent réaliser ou qu’ils reçoivent par leur réseau de contacts qu’ils se sont constitués au fil des années. C’est donc notamment Eric Ghislain, en tant que rédacteur en chef adjoint, qui valide en amont ces suggestions. Si certaines sont écartées, ce choix est motivé et expliqué aux correspondants. Il peut s’agir d’une récurrence du type d’événements, d’un manque de pertinence à en faire un reportage ou parce que cela relève plutôt d’une actualité. 

« Nos correspondants veulent parfois faire de l’actualité mais malheureusement ce n’est pas possible car c’est au minimum 5 jours plus tard que leur reportage monté est diffusé. Ce n’est donc plus pertinent, puisque trop tardif pour de l’actu. Par ailleurs, les équipes du JT sont là aussi pour ça. Nous faisons la distinction entre le travail des correspondants et celui des journalistes professionnels qui sont soumis aux règles de déontologie pour traiter de l’actualité », précise Eric Ghislain.

Les correspondants partent donc équipés d’un matériel de tournage semi-professionnel, une caméra, un pied et un micro, pour tourner les différentes images qui constitueront leur reportage. Ces rushs sont montés par Télésambre. « Les correspondants ne sont pas des professionnels de l’image et ils travaillent avec des réglages automatiques, ce qui expliquent que parfois la netteté de l’image se fait automatiquement sur le mur derrière le sujet, ou qu’un manque de luminosité génère de gros grains dans l’image. Avec le montage, on s’arrange pour que ces images soient diffusables. Cela fait partie du jeu et donne par ailleurs une certaine touche aux reportages », nous confie Marc qui s’occupe de cette étape de la production. 

Les choix des interviews conservées au montage sont justifiés aux correspondants et parfois quelques conseils techniques leur sont également prodigués tels par exemple un manque des plans larges, ou de plans serrés lors d’un dernier tournage. « Mais à force de sujets, ils ont acquis une certaine expérience », nous confie Marc. 

C’est cette collaboration dans la chaine de production, entre professionnels et citoyens qui distingue les reportages de C Local de toutes les vidéos que l’on peut trouver sur les autres télévisions ou sur les réseaux sociaux. « Nous apportons un regard journalistique à postériori. Les correspondants tournent et Marc et moi regardons les rushs et les interviews réalisées et décidons de celles qui sont pertinentes pour obtenir au final des sujets structurés, avec des commentaires et des interviews. Ce ne sont pas des images brutes diffusées telles quelles avec des commentaires sur le vif. Ce que l’on trouve sur les réseaux sociaux et le travail de nos correspondants n’ont rien à voir. Il y a un travail journalistique qui y est apporté même si le sujet est léger et pourrait paraitre futile ». 

Dans un avenir proche, Télésambre souhaite élargir et compléter son équipe de correspondants. L’arrivée de nouveaux correspondants pourraient, selon eux, apporter de nouveaux regards sur les activités, les artistes et associations de la région. « Peut-être avec des jeunes qui ont grandi avec un smartphone sur eux et qui ont d’autres codes et d’autres centres d’intérêt ? », s’interroge Eric Ghislain. « Nous voudrions étoffer l’émission mais cela nécessite du temps pour recruter et former ces bénévoles même quand ceux-ci ont déjà une certaine sensibilité à la pratique audiovisuelle »

Alors si vous habitez dans la zone de couverture de Télésambre, que vous souhaitez participer aux programmes de votre Média de proximité et à la mise en valeur de votre région et de ses habitants, bien que vous ne soyez pas des professionnels de l’audiovisuel, restez attentifs à ce futur appel. 

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