préserver le patrimoine audiovisuel tunisien et de le rendre accessible aux milieux académiques et professionnels

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Par Amine Chebbi, équipe technique / informatique HAICA 

Afin de préserver le patrimoine audiovisuel tunisien et de le rendre accessible aux milieux académiques et professionnels, la HAICA voit qu’il est opportun de se doter d’un système d’archivage des programmes de la radio et de la télévision diffusés dans le pays, qu’elle stocke au quotidien depuis plusieurs années . Pour ce faire, les équipes techniques de la HAICA et de l’INA ont collaboré à la mise en place d’un système de captation et d’acquisition des flux de radio et TV, de stockage pérenne et de documentation des programmes audiovisuels. 

A.C. : C’était flou pour tout le monde au début. Au fur et à mesure qu’on avançait dans le projet, on s’est rendu compte qu’on avait davantage de possibilités de collaboration que ce qui était planifié au départ. L’INA est experte dans les méthodes d’archivage et le CSA travaille avec les métiers de la régulation. Les deux institutions sont complémentaires. La HAICA prend en charge ces deux fonctions car il n’y a pas d’équivalent de l’INA sur l’archivage et l’enregistrement en Tunisie.  

Éric Rault, et Claire-Marie Dribault-Dujardin plus tard, sont arrivés à un moment où nous expérimentions d’autres manières d’enregistrer les programmes. La HAICA arrivait à l’échéance des trois années réglementaires pour la conservation des enregistrements de programmes, et la question se posait de ce qu’on allait en faire : les archiver ? les détruire ? Ils nous ont ouvert des pistes, nous ont montré des possibilités que nous n’avions pas encore explorées. Nous sommes très contents de ce projet avec l’INA, tous deux ont été très accessibles et amicaux. 

L’archivage d’un contenu doit être fait avec la meilleure qualité d’enregistrement possible, en sorte de pouvoir exploiter le contenu à l’envi. Nous enregistrons en deux qualités différentes. En très haute qualité pour l’archivage d’une part, en qualité moindre pour le monitoring d’autre part, ce qui permet quand même de réaliser le travail de régulation. Cette première méthode suppose un certain niveau technique et d’équipement, que nous avons réussi à mettre en place ensemble. D’autres projets sous-jacents ont vu le jour comme la « pompe de captation » (système d’enregistrement en qualité de diffusion, sans perte) qui permet de reconstituer l’archive. Cette méthode comporte des aspects très techniques pour lesquels nous avons dû faire beaucoup de recherches. Notre collaboration nous a permis de trouver des raccourcis pour avancer plus vite. 

A la HAICA, nous n‘avons pas de département Recherche & Développement technique, et par ailleurs peu d’expertise en archivage en Tunisie. C’est le service informatique qui assume ce rôle et les développeurs, spécialistes dans la captation audiovisuelle, qui travaillent sur l’archivage. Nous ne faisons donc pas la séparation informatique / audiovisuel. Les solutions web que nous appliquons viennent de notre pratique du métier et de notre approche informatique. 

Nous avons fait beaucoup de recherche, de veille et d’expérimentations pour trouver une bonne solution qui soit générique et puisse satisfaire l’ensemble des besoins de la régulation. Éric nous a apporté une expertise dans la captation et l’archivage audiovisuel. 

Ce que je vois pour le futur de la régulation, avec les avancées que nous observons en termes d’intelligence artificielle, c’est que certaines tâches importantes peuvent être effectuées grâce aux algorithmes, comme la transcription textuelle de discours, le découpage des contenus d’émissions ou de publicités, la détection des personnalités présentes, etc. La régulation va aussi se faire sur les réseaux sociaux, nos institutions ne peuvent plus se permettre de faire l’économie d’une réflexion sur le big data ou l’IA.  

Il faut prendre en compte le travail de compréhension du métier de régulation, anticiper ses évolutions et mettre à jour les définitions et les concepts. Une réflexion doit être ouverte sur des concepts et des termes de plus en plus obsolètes qu’il faudra updater pour le futur de la régulation. Qu’est-ce qu’une émission en 2020 ? Qu’est-ce qu’un micro-trottoir ? Une plage horaire ? C’est ce qu’on essaye de faire aujourd’hui à la HAICA. 

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