Le jumelage, c’est un outil de coopération qui existe depuis 20 ans

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Entretien de Marcus Cornaro, Ambassadeur de la délégation de l’Union Européenne en Tunisie

Pourquoi l’Europe choisit-elle cette approche de collaboration ? 

Le jumelage, c’est avant tout un outil de coopération qui existe depuis 20 ans et qui a fait ses preuves. Nous avons d’abord débuté avec les pays qui négociaient leur adhésion à l’Union Européenne. 

Nous avons ensuite élargi ce principe aux pays voisins de l’Union, comme la Tunisie. Ce n’est que tout récemment que l’usage de l’instrument a été généralisé au Monde entier. C’est un instrument qui a deux forces principales. Premièrement, il réunit des homologues et donc des institutions qui sont capables de collaborer et d’échanger des bonnes pratiques. Il s’agit d’un véritable partenariat d’égal à égal où des institutions sœurs, qui partagent la même réalité et les mêmes défis explorent ensemble leurs expériences. Ensuite, un jumelage est proposé suite à des besoins exprimés par une institution qui s’intéresse à ce type de soutien et d’échanges. Il est le fruit d’une demande précise et permet de couvrir des thématiques très larges comme la poste ou les droits de l’homme. 

En quoi ce jumelage a été particulier ? 

La Tunisie a adopté une nouvelle Constitution en 2014 et a choisi un modèle de gouvernance démocratique qui « sépare » les pouvoirs en place et prévoit la création d’instances indépendantes. L’UE a décidé de soutenir largement cette approche en appuyant le renforcement des processus démocratiques par le biais de jumelages et de tous les instruments de coopération dont elle dispose. 

L’UE considère qu’il est fondamental que ces instances indépendantes puissent veiller à ce que les règles soient appliquées de manière égalitaire auprès de l’ensemble du secteur. L’expérience européenne dans le domaine nous a montré qu’en l’absence d’une instance compétente et capable qui contrôle les règlements, le risque est bien réel que la loi du plus fort l’emporte. Cette veille, est particulièrement importante dans le domaine des médias, vu l’impact de ce secteur sur les citoyen(ne)s et le débat public. L’enjeu de cette instance est de garantir un accès à l’information qui soit équitable et diversifié. 

Malgré un contexte difficile en raison de la situation sanitaire liée à la pandémie COVID-19 ainsi que du travail prolongé à l’ARP qui n’a pas permis l’adoption de la loi organique pour la création de l’Instance Constitutionnelle de l’Audiovisuel (ICA), les partenaires du jumelage ont fait preuve d’un formidable esprit d’équipe. Ils ont réussi à s’adapter et à continuer à mener à bien la grande majorité des activités prévues. Les résultats définis dans le contrat de jumelage sont atteints et on ne peut que s’en féliciter ! 

Quid de la suite ? 

Le projet de jumelage est certes arrivé à son terme, mais ce n’est pas la fin de l’histoire. Des liens étroits se sont noués entre l’HAICA, le CSA et l’INA. Ces liens perdureront au-delà du projet. D’autres opportunités de collaboration existent comme par exemple à travers l’organisation de visites d’étude où d’atelier ad-hoc dans le cadre de l’instrument TAIEX.  

De son côté l’Union européenne reste engagée dans l’appui aux médias en Tunisie. Dans le cadre du Programme d’Appui à la Gouvernance Economique signé entre l’UE et la Tunisie en juillet 2020 pour un montant total de 303 millions d’euros, une enveloppe de 10 millions d’euros a été allouée pour l’appui aux Médias (MEDIA-UP2). Dans ce contexte, l’UE continuera à appuyer la réforme sectorielle qui vient en appui au développement du secteur médiatique. Parmi les objectifs de ce nouveau projet, l’UE vise à ce qu’un consensus se construise autour de l’initiative de mise en place d’un organisme indépendant et durable capable d’effectuer une mesure d’audience de haute qualité en faveur des médias tunisiens. 

 

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