Les réponses de Mathieu Demaude, Manager de Hit Radio
Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?
Le rôle des médias est essentiel : tenir informé les gens de la situation de crise, mais aussi proposer autre chose, de la positivité et de la détente pour ne pas penser qu’à cela non plus et être parano. Nous relayons en compilant aussi les blagues autour du Coronavirus. Nous filtrons l’essentiel de l’info qui correspond à notre belle région namuroise.
Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien ?
La crise sanitaire a un impact important sur la programmation, la plupart des émissions sont réduites car on ne sait pas installer un kit technique audio pour que chaque animateur réalise son émission depuis chez lui et tout le monde n’a pas la compétence technique. On privilégie donc les émissions essentielles en prime time. Nous ne voulons pas prendre de risque en utilisant le même studio et donc le même micro. Il y a moins de fréquentation au studio actuellement.
Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ?
Non, pas sur la programmation musicale qui peut être gérée à distance. On en profite ‘ailleurs pour faire découvrir de jeunes artistes locaux qui nous envoient leurs EP.
Après un mois, quelles sont les conséquences économiques ?
Les conséquences sont dramatiques, probablement que cette année sera la pire connue depuis 10 ans. Les événements s’annulent les uns après les autres et le budget publicitaire des annonceurs est restreint et pas prioritaire ce qui nous laisse sans revenus mais avec des charges fixes qui ne changent pas. Heureusement que nous sommes bénévoles. Ce qui me laisse à penser que les radios doivent diversifier leurs revenus pour pouvoir vivre ou demander des subsides de survie. Alors que nous augmentons nos audiences, nos revenus fondent comme neige au soleil sans pouvoir réinventer la radio et ses ressources.
Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?
Nous avons mis en place des rubriques positives et une programmation positive.
Avez-vous constaté des effets sur le public et ses besoins ?
J’ai remarqué que les auditeurs avaient besoin de se changer les idées avec des thématiques autres que la crise sanitaire en elle-même. Une interaction plus profonde est apparue car les auditeurs sont confinés et écoutent davantage la radio, ils ont envie de contact avec les autres et ils passent par la radio pour le faire.
Comment envisagez-vous la sortie de crise ?
La trésorerie en a pris un coup, nous espérons pouvoir toucher la prime de la Région Wallonne et avoir des réductions sur factures SABAM ou autre. J’espère que nous serons entendus par la fédération Wallonie-Bruxelles et le CSA, en limitant les rapports à envoyer et avoir une tolérance par rapport au quota de musique ou programmation exigée.
Le passage vers le DAB + me semble une bonne chose mais les mesures et garanties prises par le gouvernement ne sont pas suffisantes pour permettre la survie de petites structures qui assurent la formation de nouveaux animateurs et la diversité au sein du paysage audiovisuel. Une fois les coûts de première installation honorés par l’état, j’espère que les frais incompressibles ne viendront pas mettre définitivement à mal notre trésorerie qui provoquera des faillites ou arrêts d’activités en cascade dans des zones rurales où le nombre d’opérateurs est faible.
Nous sommes avant tout bénévoles et nous ne pouvons nous permettre de mettre la main au portefeuille privé en permanence pour assurer la survie d’un média. Quand je vois que de grands médias privés réclament de l’aide à l’état, il en va de même pour les médias indépendants qui pourraient faire aussi bien pour moins de ressources. Nous avons la chance d’avoir pléthore de médias, faisons en sorte de les protéger.