“ UN soutien financier plus large de toutes les radios indépendantes EST NÉcessaire.”

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Les réponses de Eric Lamblotte, cofondateur de Radio 4910 

Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?  

Nous sommes une radio locale, notre public cible est donc la population de la région couverte par la radio (communes de Theux, Spa, Pepinster, et zones limitrophes). Nous voyons notre rôle comme un rôle d’accompagnement musical, de divertissement, mais aussi de relais de l’information locale culturel et commercial. 

Pendant cette période de crise nous avons décidé de mette en priorité en avant les commerces locaux en relayant toute leurs initiatives gratuitement. L’idée étant de faire passer le message dès le départ qu’il fallait continuer à soutenir le commerce de proximité quoi qu’il nous en coûte !  

Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien ? 

En tant que « jeune radio » – notre reconnaissance date de juillet 2019 – cette crise est arrivée juste au moment où nous allions commencer à développer des émissions et de nouvelles chroniques, à la suite d’un recrutement de bénévoles et de réunions de préparations qui étaient en cours.  

Comme plus aucune émission en studio n’est possible car désinfecter le studio avant et après le passage de chaque animateur était trop difficile à mettre en place, sans compter toutes les émissions « de bandes », nous avons proposé, via notre « playlister » MB STUDIO de continuer les émissions en version « confinée ». « Seules » conditions, il faut pour cela que chaque animateur dispose chez lui d’un ordinateur, d’un micro-oreillette, et d’une connexion internet correcte et d’un peu de connaissance informatique, ce qui n’est pas le cas de tous. 

Pour garder le contact avec les animateurs et chroniqueurs, nous avons mis en place des échanges de mail, messenger, et un petit groupe privé sur Facebook. C’est notamment via ce biais que nous avons expliqué la procédure pour faire de la radio en version « confinée ». Certains ont été très réactifs car ils ont voulu prendre en main un tranche horaire « confinée » ou/et ont voulu créer leurs chroniques. Pour d’autre, par contre, le lien est rompu en ce moment, et nous espérons qu’il pourra être renoué quand cette crise sera terminée. 

Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ? 

De nouvelles émissions et chroniques, même dédiées sont nées durant cette période (« journal d’une confinée », « blagues de confinés »…) mais d’autres, ont dû s’arrêter complètement (notre émission jazz du dimanche soir par exemple) ou au mieux, s’adapter. 

Des rubriques comme l’agenda ou consacrée à la présentation d’une activité à venir sont évidemment suspendues. 

Notre émission magasine du dimanche matin « J’peux pas j’ai piscine » a revu son contenu en remplaçant la promotion des activités culturelles, par la promotion des initiatives locales en ces temps de confinement, et en renforçant ses rubriques plus intemporelles (histoire locale, légendes, musicologie, cinéma, littérature, zéro déchets…). 

De nouveaux animateurs ont fait leur apparition dans la grille en version « confinée ».  

Après un mois, quelles sont les conséquences économiques et les relations avec les annonceurs ? 

Actuellement nous avons dû renoncer totalement à a recherche de rentrées d’argent pour assurer la survie de la radio. Nous vivons donc exclusivement sur nos réserves pour les frais réguliers – location du site d’émission, droit d’auteur par exemple - et sur les deniers des administrateurs de la radio pour les frais exceptionnelles comme l’achat de matériel, téléphone pour interviews ou chroniques, mise à jour de logiciel pour permettre de continuer en version « confinée »… 

Seul point positif, les annonceurs, vu les actions mises en place pour eux sur la radio, nous suivent moralement et je pense que l’image de la radio en sortira grandie avec une notoriété plus grande.  

Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?  

En plus d’un partage systématique et proactif des infos sur notre page Facebook, nous proposons la mise en place de campagnes de publicité gratuite sur la radio. 

Au top horaire, un message d’encouragement d’un commerçant est diffusé systématiquement.  

Dans les mêmes conditions, nous soutenons le tissu culturel local en relayant des live Facebook d’artistes locaux sur notre page et à la radio, avec mise en place d’interviews préalables.   

Nous avons aussi lancé une émission services quotidienne appelée « scrolling » entre 18 h et 18h30 qui relaye toutes les infos partagées sur la page Facebook à la radio. Sans oublier l’ »Apéro DJ » tous les jours entre 19h et 20h avec un DJ local et le relais hebdomadaire d’une célébration catholique mis en place par un prêtre local. 

Le temps d’antenne des émissions « animées » a fortement augmenté car certains animateurs confinés ont décidé d’occuper leur temps libre en faisant de la radio. 

Nous avons décidé de nous inscrire comme partenaire d’initiatives développées via des pages Facebook comme « culture quarantaine », « soutien aux artistes belges et labels indépendants », ou encore « streamit Belgium » qui nous ont permis d’enrichir notre playlist d’un grand nombre d’artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Avez-vous constaté des effets de la crise sur le public (audimat) et ses besoins ? 

Nous avons constaté une augmentation de l’audience quotidienne sur le stream web qui est, certainement, au moins équivalente sur la FM. Cela nous est confirmé par les commerçants qui disent avoir eu de nouveaux clients grâce aux actions de la radio. 

Au niveau du public, nous avons toujours estimé qu’informer était notre rôle principal. Nous avons anticipé le changement du type d’infos partagée et recherchée – infos sur les commerces de proximité plutôt que sur ce qui se passe dans la région – et nous nous rendons compte que cela correspond bien à un changement de la demande du public en cette période. 

Comment envisagez-vous la sortie de crise ? 

C’est la grande inconnue. Est-ce que nos nouveaux chroniqueurs/animateurs continueront ? Est-ce que les commerçants seront prêts à nous soutenir à leur tour avec de la publicité payante ou en auront les moyens ?  Est-ce que les animateurs/chroniqueurs qui ne nous ont plus donné de nouvelles, reviendront ? Est-ce que les auditeurs qui nous ont découvert durant cette crise continueront à nous suivre ?  

Nous nous adapterons en tout cas aux besoins qui seront prioritaires à ce moment-là dans la mesure où nous pourrons y répondre. 

Ce qui est certain en tout cas, c’est que nous envisageons de continuer à diffuser le même pourcentage d’artistes de la FWB. Nous venons d’ailleurs de signaler notre soutien logistique et technique à Charles Gardier, organisateur des Francofolies de Spa, festival se trouvant dans la zone de couverture de la radio, pour la mise en place d’un festival virtuel en FWB.   

Nous espérons que cette crise fera prendre conscience aux pouvoirs publics de la nécessité de soutien financier plus large (subsides plus systématique et plus accessible, diminution des frais de SABAM, etc…) de toutes les radios indépendantes régulées par le CSA, comme cela se fait déjà en France, surtout pour des radios comme les nôtres qui, nous l’estimons, jouent un rôle reconnu de service à la population.  

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