Les réponses de David Flament, Directeur Général de Télévision Mons Borinage
Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ?
Télé MB a pu constituer une audience fidèle en trente ans d’existence, rassemblant chaque soir 14,8 % de la population 16+ de son arrondissement avec son antenne Broadcast, plus de 400 000 utilisateurs/mois sur son site internet www.telemb.be et un noyau dur de 40 000 « fans » sur les réseaux sociaux.

Profil de l’audience de Télé MB sur trois mois – Etude AQrate – mars 2019
Dans cette période de crise, on a vu que notre média se positionnait comme source d’information de référence grâce d’une part à l’investissement sans faille des équipes alors qu’il s’agissait de travailler dans des conditions difficiles et d’autre part à une ligne éditoriale axée sur la vie quotidienne et le service à la population. La demande d’une information certifiée, fiable et proche était importante et nous avons tenté d’y répondre au mieux, en complémentarité parfaite avec l’information qui pouvait être donnée par les médias « nationaux ».
Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien ?
Dès le 3 mars, nous avons commencé à prendre des mesures de distanciation sociale, qui ont bien sûr été renforcées après les premières recommandations du Conseil National de Sécurité : télétravail obligatoire, interviews en visio-conférence, perches sur les micros, désinfection des bonnettes, désinfection quotidienne des locaux et des véhicules, gel, masques, gants… Le JT est assemblé en cours d’après-midi sous forme de playlist pour éviter la présence de trop de membres du personnel en régie lors de l’enregistrement.
Il a fallu être attentif à maintenir du lien entre les membres de l’équipe, au-delà des réunions purement opérationnelles, le tout par visio-conférences en donnant des instructions précises mais aussi en accordant une confiance et de l’autonomie au personnel. Au cours des deux premières semaines, on a vu un taux d’absentéisme important au sein des effectifs rédactionnels : 40 %. Par la suite, ce ratio est tombé à 15 % de moyenne, ce qui reste important.
Les mesures de confinement ont-elles eu des répercussions sur la programmation ?
Dès le 13 mars, les émissions sportives et culturelles ont été supprimées faute de contenus. Tous les efforts se sont reportés sur la couverture de l’information de crise avec de l’info en continu sur le site internet et le rendez-vous antenne de 18 h. Nous avons aussi voulu remplir notre mission de facteur de cohésion sociale, en développant une initiative qui permet au public de garder un lien avec leurs aînés en maison de retraite ou en adaptant notre programmation au public en âge scolaire avec l’école à la maison (en partenariat avec No Télé) ou avec une série de programmes de divertissements adaptés au jeune public (en partenariat avec le réseau des médias de proximité).
Après un mois, quelles sont les conséquences économiques et les relations avec les annonceurs) ?
Nous avons gardé des relations avec nos annonceurs et nos prospects, mais le chiffre d’affaires a été lourdement impacté. 50 % de pertes en mars par rapport aux prévisions budgétaires alors que janvier et février avaient été très bons. Ce sera pire en avril et en mai, quoi qu’il advienne.
Sur l’année, on estime que Télé MB perdra plus de 60 % de ses rentrées et ça n’ira évidemment pas sans conséquences. Le budget des pigistes a été forcément revu à la baisse, par exemple.
Aujourd’hui, nous entendons être acteur de la relance dès que les mesures de déconfinement le permettront. Nous proposons par exemple la gratuité à nos clients en difficultés pendant tout le mois de mai et nous préparons une offre de relance qui permette à tous de communiquer efficacement .
Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?
Les réunions en visio-conférence et les interviews par Skype ont amené un certain dynamisme dans le travail journalistique. Des portes s’ouvrent vers d’autres manières de couvrir l’information locale, c’est certain.
Avez-vous constaté des effets sur le public et ses besoins ?
Du 16 mars au 15 avril, notre site a été fréquenté par 40 % visiteurs supplémentaires par rapport à la période précédente. On atteint une progression de 77 % par rapport aux mêmes dates de l’année passée. L’augmentation du nombre de pages vues est du même ordre, dans tous les cas. Nous y voyons une confirmation de notre mission essentielle de service public dans l’information de proximité.
Comment envisagez-vous la sortie de crise ?
La sortie de crise sera très progressive et se calquera sur la reprise de l’activité associative, sportive, culturelle et économique. En tout état de cause, certains réflexes journalistiques, certains process de production ont été adoptés pendant cette crise et devraient perdurer. L’analyse de la future grille de programmes est en cours de réflexion.