“ Nous étudions divers projets en ce moment afin de diversifier nos revenus.”

Ultrason

Les réponses de Nicolas Boulart, Fondateur et Président de Radio Ultrason 

Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ?  

En radio, sur le site et les réseaux sociaux, Ultrason touche un public de 10 000 personnes issues de la région de Nivelles. Nous voyons un double rôle très important pour notre communauté. Tout d’abord, nous sommes les seuls dans la région à diffuser gratuitement des actualités locales, qu’il s’agisse du relais de communiqués de presse des communes touchées, de la Province du Brabant wallon ou des zones de police, ou d’initiatives citoyennes, d’artistes et autres élans de solidarité. D’autre part, nous avons comme mission de partager notre énergie avec notre communauté, ce qui se traduit dans ses conditions par une mission de (re)booster le moral, de suggérer des activités à faire chez soi, etc.  

Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien (techniquement et humainement) ? 

Nous nous sommes organisés relativement vite, et ce de manière progressive. Au début, nous avons imposé un nombre restreint de personnes dans nos locaux afin de préserver la santé de nos bénévoles et des invités. Ensuite, avec l’arrivée du confinement et en concertation avec les autorités locales, nous avons demandé à chaque responsable de venir seul en studio, et nous avons mis en place un système d’audioconférence permettant aux co-animateurs, chroniqueurs et invités de participer aux émissions.  

Quant à nos journalistes et nos DJs, ils étaient déjà habitués à travailler à domicile, avec respectivement du matériel mis à leur disposition par l’ASBL ou leur propre matériel. Il n’y a donc pas eu d’adaptation technique sur ce point. Enfin, notre Ultrason Academy, qui forme chaque année 6 animateurs-trices, a dû se faire par apprentissage vidéo suivi de présentations de chroniques par audioconférence et de coaching par visioconférence. C’était un gros challenge, mais tout le monde s’y est mis avec enthousiasme ! 

Sur le plan humain, nos 50 bénévoles ont très vite montré leur solidarité et leur motivation à poursuivre les émissions ! Ils étaient une quarantaine pour la tenue de notre Assemblée Générale en vidéoconférence il y a quelques semaines ! Et dans les émissions, ils se sont très vite adaptés pour proposer des activités à faire chez soi, pour relayer des initiatives solidaires et autres informations utiles à la population. 

Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ? 

Il y a bien évidemment un impact sur le contenu. Certaines séquences ont dû être stoppées comme les offres d’emploi qui n’étaient plus mises à jour par le FOREM. Pour le reste, l’adaptation est le maître-mot : l’agenda est devenu une séquence ‘bons plans’ pour s’occuper durant le confinement, l’émission What the Sport met en avant les activités physiques à faire durant le confinement tout en interrogeant les clubs et sportifs de la région sur leur manière de rester en forme et de préparer le déconfinement, etc. Et nous avons également mis en place un concours avec une enseigne thaï bien connue afin de faire livrer des repas aux proches de nos auditeurs. 

Après un mois, quelles sont les conséquences économiques et les relations avec les annonceurs ? 

Elles sont hélas déjà catastrophiques. Une majeure partie de nos revenus provient des événements de taille moyenne et de masse tenus aux 2e et 3e trimestres. Avec leur annulation pure et simple et l’absence de revenus publicitaires, nous estimons la perte à minimum 60 voire 70 % de notre chiffre d’affaires annuel. Nous avons certes accumulé en 15 ans des réserves en bon père de famille, mais elles seront vite épuisées à la fin de cette année voire en 2021 si la crise économique dure jusque-là et si aucune aide ne vient de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce qui est en jeu ici, ce sont nos investissements – notamment pour l’achat de matériel pourtant nécessaire et pour la montée en DAB+ – et notre survie. Et encore, nous nous estimons heureux d’avoir pu créer des réserves, ce que beaucoup de radios indépendantes n’ont pas forcément. 

Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?  

Nous étudions divers projets en ce moment afin de diversifier nos revenus. Cela peut aller de la vente de packs publicitaires de ‘déconfinement’ à très bas prix pour aider les commerçants, à l’organisation d’un marathon radio pour récolter des fonds pour l’ASBL. Les premières idées devraient voir le jour en mai ou en juin, le temps d’évaluer ce qui aura le meilleur impact au meilleur moment. 

Sur le plan organisationnel, nous avons lancé une campagne de recrutement pour renforcer l’équipe des ‘coulisses’ de la radio. À titre d’exemple, nous recherchons un talent IT/technique/web, un graphiste, un responsable administratif/financier et un commercial. 

Avez-vous constaté des effets du confinement sur votre audimat et ses besoins ? 

Oui, absolument. Vu notre positionnement unique, nous avons recruté de nouveaux auditeurs qui viennent désormais se divertir et s’informer au sein de notre média de proximité. Les habitudes ont également changé. Certains nous écoutaient uniquement en voiture ou au travail, mais ont désormais la radio FM ou la télévision (cf. Radioline) branchée sur Ultrason à la maison. 

Comment envisagez-vous la sortie de crise ? 

Avec l’énergie et l’optimisme qui nous caractérisent ! Concrètement, nous allons pouvoir enfin accueillir en studio de formation les talents de notre Ultrason Academy, après la co-présentation d’émissions depuis chez eux ces deux derniers mois. Et nous allons mettre en place de nouvelles activités pour récolter des fonds. Et sur le plan financier et du DAB+, nous resterons – par le biais de RadioZ – en contact avec les autorités en espérant une intervention relative à la crise que l’on connait, ainsi que sur la prise en charges des frais récurrents liés à l’émission de nos programmes en DAB+. 

   Send article as PDF