Les réponses de Isabelle De Vriendt, Radio Air Libre
Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?
Radio Air Libre propose une approche décalée, nourrie d’esprit critique et diffusant sur les ondes des programmations musicales et informatives alternatives, dépourvues de tout enjeu commercial ; la publicité en est bannie.
Les différentes émissions ont tenu à assurer une continuité, dans la programmation et en respectant les règles sanitaires. Certain.e.s animateur.trice.s ont poursuivi leurs émissions comme avant, d’autres les ont organisées depuis leur domicile, d’autres encore ont mis en place une rediffusion d’émissions, avec, pour certaines, un travail de montage.
Pour ce qui concerne l’émission « Des livres pour dire », nous avons opté pour la rediffusion d’émissions. En effet, les émissions étant co-construites avec les personnes actives dans un collectif d’écrits, à chaque fois différentes, et vu que les collectifs d’écrits ne peuvent plus se réunir en présentiel, il devenait difficile, voire impossible, d’assurer une continuité dans les émissions.
Par ailleurs, nos émissions traitant de sujets de société, cela a tout son sens de rediffuser des enregistrements qui restent d’actualité et qui traitent, par exemple, de la transition, des migrations, du volontariat… et des masques (dans notre société). Ces émissions proposent également des lectures extraites de recueils en ligne sur notre site, et téléchargeables gratuitement (http://www.collectifsdecrits.org/index.php/compilations). Notre émission assure donc, même en temps de confinement, une accessibilité à l’expression culturelle par l’écriture, et la stimule.
Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien tant techniquement qu’humainement ?
Les aspects techniques ne sont pas accessibles à tous et toutes. Dans le court terme, il est impossible pour nous d’enregistrer des émissions avec une qualité technique suffisante et assumée par les écrivant.e.s. Dans un plus long terme, une telle situation pourrait sans doute être gérée de façon à ce que les émissions reprennent, à distance, mais elles risqueraient d’en exclure les personnes qui sont éloignées des (nouvelles) technologies, et qui, parmi les personnes impliquées dans notre émission, sont nombreuses.
Il faut également savoir que, parmi les membres, nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui sont à risque, soit pour des raisons de santé fragile, soit parce qu’ils et elles sont dans les tranches d’âge à risque. Il est important dès lors d’être particulièrement attentif à cette question.
C’est pourquoi, même si les écrivant.e.s. étaient déçu.e.s du report de leurs émissions, ils et elles soutenaient la décision. La dernière émission a été enregistrée le 12 mars par des membres du Collectif De la diversité à la créativité, un collectif d’écrits basé à Molenbeek-St-Jean.
Au niveau matériel, il est clair que la proximité des micros doit également être prise en compte, avec un traitement sanitaire des micros et de la table de mixage adapté, puisque le port du masque, bien sûr, est inadéquat.
Les animateur.trice.s de Rado Air Libre ont interrompu leurs réunions mensuelles pour la gestion de la radio. Les échanges se font par mail jusqu’à la possibilité de se réunir à nouveau à la radio.
Après un mois, quelles sont les conséquences économiques (et les relations avec les annonceurs) ?
À ce stade, nous ne souffrons d’aucune répercussion économique, notre radio fonctionnant exclusivement sur une base volontaire et bénéficiant d’un subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles, laquelle prend en compte la situation actuelle dans l’évaluation de nos activités. Comme dit plus haut, nous sommes une radio associative qui refuse toute dépendance commerciale. La radio fonctionne également avec l’aide de dons et des frais d’adhésion des animateur.trice.s.
Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?
Au niveau de la radio, pas à ma connaissance. Au sein des collectifs d’écrits de ScriptaLinea, certains ont croisé leur thème avec celui de la crise sanitaire. Un collectif d’écrits virtuel a également vu le jour et écrit sur les thématiques liées à ce que vous vivons. Il est clair que plusieurs émissions seront consacrées à ce thème, une fois que les enregistrements auront repris.
Comment envisagez-vous la sortie de crise ?
Nous souhaitons reprendre notre programmation dès que cela sera possible, avec un respect de la distanciation sociale.
Nous commencerons par une émission spéciale sur le thème de l’eau, qui était programmée initialement le 19 mars et devait se faire en dehors du studio.
Il est probable que les émissions suivantes, puisqu’elles rassemblent souvent plus de 5 personnes, se fassent également avec les supports techniques de radio mobile, dont Radio Air Libre dispose. Il faudra bien sûr se familiariser avec cette technique d’enregistrement.
Au programme : une émission sur les migrations, qui clôturera notre triptyque sur le thème, deux émissions sur des collectifs d’écrits d’enfants, avec le thème du temps qui passe et le thème de la nature, une émission sur les questions de genre et l’écriture inclusive, une autre sur le confinement.