Les réponses de Christophe Marchal, Responsable d’antenne et Administrateur de Radio Equinoxe Namur ASBL
Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?
Notre rôle est avant tout la découverte et la détente avec un public le plus large possible. De ce côté – là, pas de changement pour nous, si ce n’est moins de contenu à caractère socio-culturel, en raison de l’absence de manifestations et de représentations. Le programme culturel a, comme pour tout le monde, été lourdement impacté.
Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien ?
Les Conseils d’administration mensuels sont suspendus dans leur forme habituelle mais nous communiquons énormément par mail, téléphone et même parfois vidéoconférence pour ceux qui en ont la possibilité technique. Côté contact avec les animateurs, il n’y a finalement pas de changement. Par contre, nous ne rencontrons plus de candidats animateurs pour le moment car cela exige des face-à-face ne fût-ce que pour fournir une clé et un code d’alarme. De plus, les formations sont suspendues. Toutefois, nous sommes accessibles pour des éventuels candidats étant équipés pour faire une émission en différé depuis leur domicile.
Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ?
Quelques émissions sont complètement en stand by ; d’autres ont délaissé les directs pour réaliser leurs émissions depuis leur domicile pour éviter les déplacements. Les émissions réalisées en équipes ont été prises en charge par l’animateur « principal », soit en direct dans le studio à condition d’être seul, soit à domicile et préenregistré, dans les mêmes conditions quand c’est possible. Nous n’avons plus que deux émissions se faisant 100 % en direct depuis le studio à l’heure actuelle.
Après un mois, quelles sont les conséquences économiques ?
Aucune conséquence. Il est clair que si nous devions dépendre de revenus publicitaires, nous serions mal embarqués, comme on le constate dans d’autres radios.
Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles ?
Oui, c’est d’ailleurs le point dont nous sommes le plus fiers. Nous avons deux émissions qui se font dorénavant en direct depuis le domicile de deux de nos animateurs qui sont suffisamment équipés (au moins 1 micro, une table de mixage, un ordinateur et une connexion internet) et ce, de manière tout à fait automatisée du côté de la radio. Il leur suffit d’être devant leur micro pour le démarrage de leur émission et d’animer comme s’ils étaient en studio. L’un des deux n’était plus en mesure de venir en studio car dans ses rares heures de disponibilité, il n’avait plus de transport en commun pour rentrer après son émission. Dorénavant, son émission se fera en direct depuis chez lui, même après le confinement. L’autre animateur a déménagé trop loin et ses horaires de travail occasionnent des difficultés. D’origine espagnole, il réalisait régulièrement des interviews par Skype d’artistes se trouvant en Espagne ou en Amérique latine. Il peut à présent de nouveau faire ses émissions de manière plus régulière.
Il a d’ailleurs été en direct ce jeudi 23/04/20 dans une plage horaire n’étant pas sa plage habituelle. Des interviews ont été réalisées par skype depuis le Pays Basque Espagnol, l’Argentine et le Mexique. Le hasard du calendrier fait que ce direct a eu lieu le jour du vingt-septième anniversaire de notre première émission en 1993. Lors du premier direct « test » de ce type, la semaine passée, des auditeurs ont pu intervenir en direct par skype et par téléphone. Ces émissions sont également enregistrées automatiquement pour rediffusion la semaine suivante.
Grâce à cette nouveauté, nous ne sommes plus limités géographiquement. Déjà par le passé, il était envisageable d’enregistrer, monter et envoyer une émission même en vacances à l’autre bout du monde. A l’heure actuelle, on pourrait même envisager un vrai direct d’absolument n’importe où dans le monde avec des intervenants depuis n’importe où ailleurs. C’est enfin une réalité pour les radios indépendantes et plus seulement réservée aux « grosses » radios ayant de gros moyens techniques, financiers et humains. Nous cherchons sans cesse à évoluer techniquement, la recherche de solutions et d’améliorations est une préoccupation constante dans notre radio.
Un autre animateur, faisant ses émissions chez lui depuis plusieurs années vient de commander une petite table de mixage afin de pouvoir y brancher son smartphone et réaliser des interviews d’acteurs du monde de la musique classique à distance et d’ainsi relater leur quotidien en cette période de confinement.
Avez-vous constaté des effets sur le public et ses besoins ?
Nous n’avons aucune idée du nombre d’auditeurs qui nous suivent mais les réactions sur les réseaux sociaux sont très positives car les gens sont généralement contents de constater que certaines choses dans leurs vies ne sont pas ou peu impactées par cette crise sanitaire, comme le délassement procuré par l’écoute de la radio.
Comment envisagez-vous la sortie de crise ?
La simple reprise des rares émissions ayant dû être mises en stand by et la reprise des CA de manière conventionnelle constituent cette sortie de crise. Pour le reste, rien ne change. Pour ce qui est de l’avenir, nous devons nous concerter et examiner si le port du masque impacterait la voix au micro. Si la loi impose le port du masque dès la fin du confinement, nous nous conformerons aux directives.
Au final, cette crise sanitaire nous aura poussés à nous surpasser et à être inventifs encore plus que d’habitude.