Les réponses de Sam Tabart, Trésorier de Metropole Radio
Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?
Le devoir d’une radio indépendante en pareilles circonstances est à mon sens prioritairement de continuer à informer le plus positivement possible, davantage divertir, mais surtout renforcer son rôle de proximité et d’écoute à la population. Cela passe par le soutien et la mise à l’honneur d’initiatives de solidarité, la diffusion de messages de prévention ou encore la mise en valeur d’initiatives particulières en ce qui concerne le commerce local. Certaines personnes se sentent seules, d’autres inquiètes, le confinement est une dure épreuve sociale pour tous. La radio doit être un lien entre les citoyens.
Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien techniquement et humainement ?
L’ADN d’un média comme le nôtre étant de promouvoir tout ce qui fait le quotidien d’une région, c’est en l’absence totale d’activités économiques, culturelles et sportives qu’il nous faut être créatifs, inventifs. Continuer à être un vrai « relais » demande une réorganisation partielle sur une partie de la grille des programmes, notamment pour la production d’émissions thématiques dont les contenus sont spécifiquement dédiés aux aspects locaux de la crise.
Sur le plan humain, la technique d’aujourd’hui permet d’effectuer beaucoup de production « à distance », cela n’est pas un réel obstacle, voire la découverte dans certains cas d’une autre façon de faire, d’un gain de temps. Je constate un changement d’attitude de la part de l’équipe, qui manifeste davantage de solidarité en cette période inédite pour continuer à mener à bien notre mission.
Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ?
Nous ne parlerons pas de « grandes modifications’, mais plutôt d’adaptations. En cette période de confinement, le mode de consommation de la radio a naturellement évolué. L’auditeur marque davantage d’intérêt envers ce média aux heures qui autrefois étaient plus « musicales ». C’est là que certains contenus, notamment liés à la crise que nous vivons ont fait leur apparition. C’est en pareilles circonstances que l’on peut constater que pour certains auditeurs, la radio est un vrai lien social.
Après un mois, quels sont les conséquences économiques et les relations avec les annonceurs ?
Le mot le plus réaliste est « catastrophique ». C’est en quelques jours que l’ensemble des campagnes se sont pour la plupart vues annulées. J’ai accordé une priorité toute particulière au fait que notre équipe commerciale garde un contact fort avec l’annonceur. L’écouter, prioritairement savoir si sa santé et celle de ses proches n’est pas impactée, le rassurer sur le fait qu’il y aura « un après », et qu’à ce moment précis nous serons là pour aider toutes les entreprises locales à se relancer. Certes, dans un contexte économique qui sera différent et difficile pour tous. De toute évidence, l’impact financier est conséquent pour certain, il nous faudra nous y adapter, êtres créatifs.
Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles depuis le début du confinement ?
Encore une fois, il a fallu se réinventer. En tant que média d’hyper proximité, cela dépasse l’aspect radiophonique lui-même. La contribution à la mise en place d’une action solidaire pour la fabrication de masques par exemple. La création sur la toile d’un groupe d’échange de services solidaires. D’un point de vue strictement radiophonique, la mise en lumière du petit et moyen commerçant ainsi que de toutes les alternatives et initiatives proposées pour tenter de maintenir une forme d’économie locale, l’ouverture de fenêtres spécifiques aux besoins de la croix rouge locale. Les initiatives sont multiples.
Avez-vous constaté des effets sur les auditeurs et leurs besoins ?
Il est difficile de réellement mesurer nos audiences à l’échelle locale. Mais de toute évidence, nous nous rendons compte, notamment par le flux des échanges sur les réseaux sociaux, qu’une partie de notre public est présent, et apprécie plus que jamais d’être informé de ce qui se passe « chez lui ».
D’autre part, la radio étant principalement devenue un média de mobilité accompagnant les auditeurs dans leurs déplacements, nous sommes bien conscients que « devant rester à la maison », une partie de notre audience, notamment celle du petit matin, est fortement impactée.
Comment envisagez-vous la sortie de crise ?
Je n’ai pas encore de vision très claire à ce sujet. Tout dépendra de l’évolution de la première crise dite sanitaire. Viendra ensuite la seconde, celle de l’économie. C’est à ce moment-là que nous allons devoir rebondir. C’est en général les mois précédent l’été qu’un média comme le nôtre fait le maximum pour suffisamment remplir ses caisses afin de faire face sereinement aux mois très limités en termes de revenus publicitaires, ç’est-à-dire juin, juillet, août. Nous ne pouvons aujourd’hui qu’espérer – au vu des difficultés qui s’annoncent pour partir en vacances – qu’une forme d’économie reprendra très rapidement. Une radio de proximité vit grâce aux revenus générés par les petits et moyens commerces. Ceux-ci sont malheureusement les plus impactés financièrement vu l’absence partielle ou totale d’activité. Inévitablement, il nous faudra momentanément adopter un mode de gestion des plus rigoureux pour passer ce mauvais cap, le principal restant la bonne santé de tous !