“ C’est d’une part la manne publicitaire de l’été qui s’effondre et d’autre part l’annulation de nos propres évènements.”

Crédit Adrien Bissot

Les réponses de Jonathan LabergerChargé de communication de 7fm 

Comment voyez-vous le rôle de votre média dans cette période de crise ? Notamment vis-à-vis de vos publics cible ?  

 
Notre public cible est essentiellement les jeunes adultes / les jeunes familles (25-45 ans). Dès le début des annonces liées au confinement, nous avons opté, par notre rôle de média de proximité, pour une communication positive. Nous nous devons d’informer la population de l’actualité importante autour du covid-19 au travers de nos journaux parlés. Toutefois, en dehors de ces rendez-vous, nous avons pris le parti d’apporter de la bonne humeur dans la grisaille quotidienne. Du baume au cœur.  

Nous relayons des initiatives citoyennes en province de Luxembourg où nous soutenons le secteur économique au travers de communiqués. Nous avons augmenté les contacts (téléphoniques) avec notre communauté. Nous utilisons l’humour. Nous avons décidé de ne pas stopper et même de renforcer nos actions-concours. Tout cela pour contraster avec l’actualité « morne » du quotidien. Nous avons voulu être une bulle d’oxygène pour les auditeurs. Nous avons d’ailleurs reçu des retours positifs dans ce sens. 

Quels sont les principaux impacts de la crise sanitaire actuelle sur l’organisation de votre média et son fonctionnement quotidien ? 

 
Avant même l’annonce officielle du CNS à propos du confinement de la population, nous nous étions préparés à télétravailler. Ainsi dès le mercredi 18 mars, nous diffusons notre morning depuis le salon des animateurs et chroniqueurs. Techniquement, nous avions tous les éléments en main donc cela n’a pas été contraignant. Il s’agissait plutôt d’organisation. Les bureaux sont désertés depuis la mi-mars et pour le coup, on peut remercier les technologies actuelles de nous permettre aisément de faire du télétravail et les décrochages d’antenne.  

Cela a-t-il eu des répercussions sur la programmation ? 

 
La grille a été ajustée dans un souci de proximité et d’économie. Le Grand Morning propose habituellement une émission d’un format de 3 h (7 h -10 h). Ici, nous sommes partis sur une formule qui débute plus tard et accompagnant jusqu’à l’heure de l’apéro (NDLR : rires), soit un Grand Morning XXL de 8 h à midi. Etant donné le confinement et le fait que les routes soient désertées, cet horaire nous paraissait plus pertinent et, d’après les retours, ce choix s’avère payant. L’information régionale et les interviews sont restées l’essence du programme matinal de 8 h à 10 h. Les deux autres heures sont réservées à l’auditeur (chroniques, témoignages, concours, …) 
Au niveau du week-end, nous avons pris la décision de stopper les émissions dites de « pousse-disques ».  
En résumé, nous avons voulu rassembler toute notre énergie sur les émissions phares de la semaine (la matinale et le 16-19h). 

Après un mois, quels sont les conséquences économiques de cette crise ? 

 
Il ne faut pas se leurrer : comme tous les médias, nous subissons la crise de plein fouet à cause des annulations d’évènements, des commerces fermés… 
Nous n’avons pas subi de déprogrammations massives car le mois de mars était plus creux et les contrats engagés seront tous reportés fort heureusement. 
Notre équipe est créative et n’a jamais peur de rebondir. Ainsi, nous avons trouvé une idée de diffusion publicitaire gratuite pour les commerçants qui nous a permis par ailleurs de sauver les meubles en nous garantissant quelques petites rentrées. Des rentrées qui permettent de couvrir certains frais de fonctionnement. Cela reste néanmoins insuffisant à moyen et long termes. 
 

Là où le bât blesse, c’est d’une part la manne publicitaire de l’été qui s’effondre et d’autre part l’annulation de nos propres évènements. Nous avions entre autres un évènement local marquant pour la radio mi-mai. À l’heure actuelle, nous ne savons pas encore si nous pourrons l’organiser à une date ultérieure ou non. 
 

Au niveau relationnel, nous avons gardé la pleine confiance de nos annonceurs – voire, elle s’est renforcée en ces temps de solidarité. Notre crainte se fonde sur la reprise économique qui risque d’être longue. Tout ceci va compromettre une série d’investissements techniques, promotionnels… 

Avez-vous pris des initiatives exceptionnelles durant le confinement ? 

 
Oui ! Nous avions déjà l’habitude de mettre régulièrement en avant des artistes belges (nous sommes média officiel de la plateforme provinciale lampli.be), nous avons décidé de proposer un autre rendez-vous systématique. 
Faisant suite à un contact avec Ingrid Bezikofer (manager d’artistes belges), nous avons rapidement emboîté le pas dans la démarche du Soutien aux artistes belges et labels indépendants. Leur initiative visait à ce que les radios de la FWB diffusent davantage des artistes belges dont les concerts ont été annulés cet été. Nous étions parmi les tout premiers à accepter la proposition (Bel RTL et deux locales avaient rejoint le mouvement). Mais nous avons souhaité faire un pas de plus. Depuis le 1er avril, chaque jour de la semaine, nous proposons une capsule « Zoom Artiste« , spéciale artistes de la FWB, comprenant une interview de 5-6 minutes et un titre diffusé. Dans la même optique, nous avons soutenu la plateforme « Stream!It Belgium » également. 

Avez-vous constaté des effets sur vos auditeurs et leurs besoins ? 

 
Cela reste difficile à constater en termes d’écoute dès lors qu’il n’y a pas de statistiques pour les radios indépendantes en FM.  
Nous sommes restés attentifs aux sentiments du public et avons opté pour un ton résolument positif, voire léger. 
Le point marquant néanmoins de la période en cours depuis mi-mars concerne les réseaux sociaux : de très nombreuses personnes ont de manière naturelle rejoint notre page Facebook déjà très bien positionnée. 

Comment envisagez-vous la sortie de crise ? 

 
C’est assurément la question la plus difficile. Il nous manque des éléments de réponses de la part du gouvernement et, en tant que radio indépendante chapeautée par une ASBL, nous nous sentons oubliés. Je pense qu’il serait bon que les autorités se penchent tôt ou tard sur l’ensemble du monde médiatique de la FWB, et particulièrement sur les dizaines de radios indépendantes. 
 

Notre optique est d’essayer de se diversifier pour assurer nos arrières mais ici de nombreux secteurs sont touchés par la crise et nous nous retrouvons pieds et poings liés. Nous bouillonnons d’envie de bouger mais cela est impossible à cause des mesures en vigueur. La reprise risque d’être lente et cette année 2020 est d’ores et déjà clairement ratée. Il faudra absolument rebondir en 2021 mais encore faudra-t-il avoir les reins solides d’ici là. 
Dans tous les cas, nous essayons de garder un esprit positif dans nos démarches. 

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