Dans le cadre du jumelage entre le CSA et son homologue tunisien la HAICA, Benoît Renneson, responsable du Monitoring au CSA revient d’une semaine à Tunis. Objectif, échanger sur les bonnes pratiques en matière de communication commerciale. Des échanges importants qui mettent en lumière les réalités belges et tunisienne sur une matière fondamentale de la régulation des médias.
Que retiens-tu de cette semaine de jumelage. Que vas-tu retirer de cette expérience ?
Je retiens que nous faisons le même métier et avons le même objectif : donner les moyens au public d’identifier la publicité qui avance souvent cachée dans les contenus éditoriaux. La communication commerciale est nécessaire aux éditeurs, mais elle doit absolument être cadrée. Il s’agit d’un enjeu social, culturel et même démocratique. C’est aussi l’intérêt des chaînes pour qu’elles puissent garder ou retrouver la confiance du public.
Tu viens de passer une semaine à Tunis, tu as pu échanger avec tes homologues de la Haica. Le fonctionnement est-il différent ici ? Le contexte implique-t-il aussi un fonctionnement différent ?
Je suis venu à Tunis en tant que responsable du monitoring des programmes au CSA. Nous n’avons pas comme chez vous une équipe de moniteurs qui observe les contenus audiovisuels au quotidien. Le service de monitoring de l’HAICA fournit la matière première de l’institution. J’ai découvert des personnes motivées, sensibles et vigilantes.
Ce qui nous diffère, ce sont les rapports avec les éditeurs. En Belgique, nous avons établi avec eux des relations qui permettent les échanges et la coopération. Cela permet une régulation souple.
En quoi consiste l’atelier que vous avez proposé cette semaine ?
Nous avons présenté à l’équipe de monitoring notre législation sur la communication commerciale, des cas pratiques et nous avons développé l’argumentaire qui avait conduit à des décisions prises à la suite de constats d’infraction.
Quels sont les grands principes communs à tous les régulateurs, au CSA comme à la HAICA ?
Au niveau de la publicité, il y a deux grands principes : l’identification des communications commerciales et leur séparation avec les contenus éditoriaux (sauf pour le placement de produit naturellement). Il faut qu’auditeurs comme téléspectateurs sachent sans hésitation quand on tente de leur vendre un produit. Les médias traditionnels perdent la confiance des citoyens ici comme ailleurs. Il faut aussi que certains contenus tels les journaux soient préservés du moindre accent promotionnel, il en va de leur crédibilité.
Comment fonctionne le CSA pour assurer la protection des auditeurs et téléspectateurs vis-à-vis de la publicité en radio et télévision ?
Il y a d’une part la vigilance citoyenne. Au CSA nous recevons quotidiennement des plaintes dons une partie importante concerne la publicité. Celles-ci sont systématiquement analysées par le secrétariat d’instruction. D’autre part, nous organisons régulièrement des monitorings, la programmation de toutes les télévisions et des radios de même importance est scrutée sur deux journées de la même semaine. Nous assurons aussi une veille constante concernant les nouvelles pratiques, l’activité des régies publicitaires, l’évolution de la législation, …
Les agences et les médias sont dans un processus de créativité permanent : peux-tu me donner quelques exemples des dernières trouvailles décelées en Belgique et d’autres que tu as découvert ici en Tunisie ?
Chez nous, la publicité ciblée débarque sur le linéaire avec de nouveaux enjeux comme la protection des données. Il y aussi le phénomène des « youtubeurs ». Comment permettre à ces jeunes de développer leur activité économique en préservant l’intégrité de leurs contenus ? C’est toujours la même problématique : le public doit pouvoir distinguer aisément le promotionnel de l’éditorial.
En Tunisie, j’ai été surpris de ces animateurs et chroniqueurs qui se transforment en bonimenteurs. Certains programmes paraissent carrément prétextes pour glisser un maximum de publicité.
Quels sont les outils que tu penses important de partager avec les Collègues de la HAICA ? En quoi consistent-ils ?
En Belgique, nous avons une jurisprudence importante sur les pratiques publicitaires, compilée dans des recommandations. Nous y avons listé un nombre important de critères pour chaque pratique qui favorisent l’identification aisée.
Je désire partager cette méthodologie avec l’équipe de monitoring de l’HAICA. A chaque cas suspect, pouvoir identifier grâce à des critères encore à établir à quelle(s) pratique(s) il correspond ainsi que sa légalité.
Découvrez le jumelage entre la HAICA et le CSA