A la HAICA, un mois de novembre consacré à l’égalité de genre dans les médias audiovisuels – Entretien avec Joelle Desterbecq (CSA) :

Régulation | Régulation

A l’issue du jumelage, la HAICA devrait se voir dotée d’un Service des études formellement défini et mis en place. Ce service aura pour but d’inspirer l’exercice de régulation et de renforcer l’expertise de la HAICA auprès des secteurs académique et audiovisuel. Il permettra notamment de fournir une information spécialisée sur le secteur audiovisuel au « secteur », au monde académique, aux étudiants et à la société civile au sens large. Dans ce cadre, le CSA et la HAICA ont convenu ensemble que la thématique de l’égalité de genre dans les médias audiovisuels était l’un des thèmes cruciaux à traiter par la cellule d’Études et Recherches. Il s’agit dès lors de lancer de nouvelles études sur le sujet.

La responsable de volet du CSA sur le jumelage, Joëlle Desterbecq, s’est rendue à Tunis afin de mettre en place plusieurs ateliers pratiques à destination des équipes de la HAICA sur l’élaboration d’outils pratiques et théoriques de recherche en matière d’égalité de genre dans les médias audiovisuels tunisiens. Son homologue tunisien, Hamza Ben Chaabane, a souhaité revenir sur le pourquoi et le comment de ces ateliers :

J.D. : « Parmi les différents volets développés dans le cadre du jumelage il y a le développement et la consolidation du travail en matière d’étude et recherches. Donc l’un des objectifs est de développer toute une série de grilles d’analyses pour mener, consolider, des recherches qui concernent tous les thèmes de la régulation : par exemple, la communication commerciale, mais aussi l’égalité de genre, l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est le thème qui nous intéresse en ce moment.

On a donc développé un atelier qui avait pour thématique l’égalité de genre devant et derrière la caméra. Pourquoi devant et derrière ? Parce qu’on peut faire l’hypothèse que c’est une problématique globale : que les contenus qui sont présentés à l’antenne sont influencés par les personnes qui les conçoivent. Donc, l’idée est vraiment d’appréhender l’égalité de genre comme un tout qui implique aussi bien les représentations à l’antenne, à l’écran, que les personnes qui constituent les ressources humaines.

Pourquoi on se penche sur cette thématique ? D’une part, parce que l’on constate qu’il y a finalement assez peu de statistiques sur les personnes qui conçoivent les programmes. Il y a un certain nombre d’études qui sont effectuées sur ce qui se passe à l’écran, sur ce qui est développé à l’antenne dans le contenu des programmes. En revanche, on a assez peu de données sur les personnes qui les conçoivent, sur les ressources humaines des médias audiovisuels. Par ailleurs, on voit que quand il y a des études qui sont faites sur les personnes gravitant dans la sphère des médias audiovisuels, ce sont surtout des études qui se focalisent sur certains types de professions : par exemple, la profession journalistique. Mais on a assez peu de données sur l’ensemble des professions de l’audiovisuel.

L’objectif est de mettre en place toute une série d’outils qui permettent de concevoir des analyses pour monitorer ce qui se passe à l’écran, mais aussi de l’autre côté. Il s’agit de développer des outils d’enquête de terrain pour analyser qui est présent dans les ressources humaines des médias et comment ça se structure par genre. Éventuellement, voir comment se distribuent les hommes et les femmes dans la hiérarchie des services de média audiovisuels, quelles sont leurs trajectoires professionnelles, quels sont les obstacles qu’ils rencontrent ? Et réfléchir à quels leviers on peut réfléchir pour avancer, pour promouvoir davantage d’égalité de genre. C’est important d’avoir ce type de données parce qu’on ne peut fonder de mesures régulatoires et de politiques publiques adaptées aux réalités sociales qu’en ayant des données de base consolidées.

Aujourd’hui on a mis en place un atelier portant sur le premier versant : celui « à l’écran ». On a présenté plusieurs outils de type « Baromètre » pour développer des monitorings qui permettent de déterminer quantitativement quelle est la présence respective des hommes et des femmes à l’écran et, d’autre part, comment on en parle. Il s’agit vraiment d’outils quantitatifs et qualitatifs pour développer des monitorings à finalité de recherche.

Demain, on consacrera un autre atelier à l’égalité de genre : cette fois derrière la caméra. On va présenter des méthodologies d’enquêtes de terrain : comment on construit un questionnaire, comment on construit une grille d’entretien, comment on définit des variables dépendantes, indépendantes, comment on structure des questions ? Il s’agit de présenter une méthodologie générale pour développer des enquêtes de terrain et ensuite de voir comment on peut l’appliquer à la question du genre, l’objectif étant de collecter des données de terrain sur l’égalité de genre dans les médias».

Ces deux types de méthodologies sont utilisés au CSA. Nous présenterons d’ailleurs dans le courant de l’année 2020 les résultats d’un nouveau Baromètre et d’une analyse sur l’égalité de genre dans les ressources humaines des médias audiovisuels.

Interview de Joelle Desterbecq (CSA) réalisée par Hamza Ben Chaabane (HAICA) – 14/11/2019 – Tunis

En savoir plus sur le jumelage entre la HAICA, le CSA belge et l’INA

   Send article as PDF