Sans concertation, le régulateur peut passer à côté des réalités du secteur

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Entretien : Isabelle Kempeneers, Vice-Présidente du CSA, membre du Collège d’avis

Un nouvel organe de corégulation vient de se mettre en place au CSA. L’objectif du Collège d’avis : réunir le secteur audiovisuel pour remettre des avis au législateur et coréguler le secteur sur certaines matières importantes. Elections, directive SMA, égalité femme/homme, on aborde les grandes thématiques qui seront débattues au Collège en compagnie d’Isabelle Kempeneers, Vice-Présidente du CSA.

La nouvelle mouture du Collège d’avis du CSA vient d’être mise sur pied. En tant que Vice-Présidente du CSA, quelles sont vos attentes concernant ce nouvel organe de corégulation qui réunit tant le secteur public que privé ?

La base de ce collège, c’est le dialogue. Je souhaite qu’il soit efficace comme il a pu l’être dans le passé. L’ancienne mouture du Collège d’avis était devenue pléthorique. Elle est désormais recentrée sur le secteur et colle mieux aux réalités de celui-ci.

Le nouveau CAV est désormais recentré sur le secteur, mais touche à davantage de pôles, comme l’éducation aux médias, la production audiovisuelle… y a-t-il des enjeux centraux que l’on peut aborder pour l’ensemble du secteur ? Lesquels ?

Les enjeux sont nombreux. Le secteur audiovisuel doit faire face à de nombreux changements et à des actualités fortes. Prenons l’exemple des fake news. Le fait que nous ayons au Collège d’avis des représentant du pôle éducation aux médias permettra de débattre sur cet enjeu important. Je pense aussi que le Collège devra faire le point sur l’application des règlements actuels qui s’imposent au secteur. Après plusieurs mois d’application, il faudra voir comment les éditeurs ont pris en main le règlement en matière d’accessibilité des programmes. Les objectifs pourront-ils être plus ambitieux, ou pas ? Je pense aussi au nouveau règlement élections qui s’applique depuis les élections communales de 2018. On y trouve de nombreuses nouveautés, comme l’obligation de respecter l’équilibre entre les femmes et les hommes dans les médias en période électorale. Le Collège d’avis sera le lieu pour envisager l’évolution de ces nouveautés.

Enfin, je pense aussi qu’il y aura des débats importants autour de la transposition de la directive SMA. Cette directive devra être traduite dans notre droit national et d’importantes questions devront être soulevées, comme celle de la compétence territoriale qui permettaient à certains acteurs d’échapper à la régulation…

Le CSA se déploie maintenant dans de nombreux domaines, collaboration internationale, égalité homme femme et puis il y a les actualités brulantes, plan de fréquences, élections… En tant que Vice-Présidente, quelles sont tes priorités ?

Ma priorité plus personnelle au CSA, c’est l’égalité femme/homme. Le CSA a un rôle à jouer sur cette thématique majeure. Dans un monde idéal, on n’a pas besoin de règlement élections qui impose cet équilibre. Quand on parle d’égalité entre les femmes et les hommes devant la caméra, tout ne dépend pas que des éditeurs, même s’ils ont une part importante de responsabilité. Je pense que, par le biais du Collège d’avis également, sensibiliser les partis sur cette obligation, surtout au moment des élections, pourrait permettre d’élargir le débat.

Dans le nouveau règlement élections, les éditeurs ont le droit de refuser d’inviter un parti s’il ne respecte pas le principe d’équilibre entre les femmes et les hommes. Certains éditeurs dénoncent un choix « binaire » qui selon eux, n’apporte rien au débat. Votre avis ?

Si j’étais un éditeur, je ne pense pas que je refuserai l’accès à l’antenne d’un parti politique qui ne respecte pas l’équilibre entre les femmes et les hommes. Je leur demanderais en revanche de s’expliquer sur antenne ou sur le plateau. Je pense aussi que refuser l’antenne à un parti sur base de ce critère n’apporte rien aux téléspecteur.trice.s et auditeur.trice.s, qui risquent alors de se demander pourquoi ce parti n’a pas été invité. Rendre la chose publique, est à mon sens plus pertinent et plus utile en termes de sensibilisation pour les citoyen.ne.s, mais aussi pour les formations politiques.

En fonction de ton expérience des précédents collèges d’avis, est ce que c’est facile d’encadrer la corégulation ?

Ça dépend des sujets. C’est un bon lieu de dialogue et de confrontation de points de vue. Certains sujets sont difficiles à entendre, mais sans cette concertation, le régulateur peut passer à côté de certaines réalités du secteur. Si je prends l’exemple du règlement accessibilité, nous avons entendus des choses difficiles de la part des éditeurs, y compris en présence de représentant.e.s du monde associatif lié à l’handicap. Mais les débats ont débouché sur quelque chose, ils ont permis de faire évoluer l’approche de certains éditeurs et le CSA a été capable de formuler un compromis important. Résultat, les choses bougent. C’est comme ça que je vois notre rôle.

CET ARTICLE S’INSCRIT DANS LE CADRE DE LA MISE EN PLACE DU NOUVEAU COLLÈGE D’AVIS DU CSA, L’ORGANE DE CORÉGULATION DU SECTEUR AUDIOVISUEL. POUR EN SAVOIR PLUS, CONSULTEZ NOTRE RUBRIQUE DÉDIÉE


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