Depuis le 14 décembre 2018, le CSA s’est lancé dans une grande aventure avec son homologue tunisien, la Haica. La mission, un jumelage s’étalant sur 21 mois pour échanger des expériences et contribuer au renforcement du processus démocratique tunisien initié par la révolution de 2011. Le projet se veut riche et ambitieux tant pour la Haica, que pour le CSA et son personnel affecté au jumelage. Plus de 300 heures d’expertise seront proposées à Tunis et à Bruxelles. Joëlle Desterbecq est chargée de la mise en oeuvre d’un service Recherche en régulation des médias au sein de la Haica. Un projet unique en Tunisie répondant à des enjeux importants…
Pourquoi un service recherche spécifique à la régulation des médias ?
Effectivement, mon travail consiste à accompagner la HAICA dans le cadre de la mise en place d’un service de recherches. Ce service aura pour but d’inspirer l’exercice de régulation et de renforcer l’expertise de la HAICA auprès des secteurs académique et audiovisuel.
Concrètement, ce service sera amené à produire des données empiriques afin de consolider l’état des lieux du secteur quant à un ensemble de questions qui se trouvent au cœur de l’activité du régulateur (communication commerciale, protection des mineurs, discriminations…), de stimuler les espaces de dialogue et de débat sur les problématiques qui font l’actualité de l’audiovisuel, de stimuler la recherche sur la régulation ou encore donner de l’information spécialisée sur le secteur audiovisuel à la société civile, au monde académique ou au secteur lui-même.
Comment la collaboration se met-elle en place ?
Ma première tâche a consisté à réaliser un diagnostic interne pour la mise en place d’un service d’études. Il s’agit d’analyser ce qui existe déjà (les domaines d’expertise, les ressources existantes, les procédures actuelles, les partenariats déjà développés) et la manière dont on voit les choses à l’avenir (quelles missions on souhaite donner au service ? quelles sont les thématiques de recherche prioritaires en adéquation avec le contexte législatif, régulatoire, économique, culturel, social ? comment on voit l’organisation du service ? …).
La HAICA dispose d’une expertise particulièrement développée dans de nombreux domaines, d’un vaste réseau de contacts tant sur le plan national qu’international, de vastes ressources audiovisuelles et documentaires, par exemple. Il faut partir de ces points forts pour mettre en place un service d’études. A partir de ce diagnostic on peut penser à la suite, c’est-à-dire mettre en place un cahier des charges du service, définir des procédures de recrutement, préparer des grilles d’analyse, réfléchir à la mise en place de catalogues de ressources et à la formalisation de partenariats, etc.
Toutes les étapes du travail se font dans le cadre d’une dynamique d’échange et d’interaction continue entre les équipes. Chaque partie écoute et propose, c’est dans cette dynamique d’échange que le partenariat peut avancer.
Ne pourrait-on pas solliciter des universités pour mener à bien ce type de projet ?
Le monde académique doit être vu comme un partenaire dans le cadre du développement d’un tel service. Il s’agit de développer des liens avec le monde académique tunisien et international en vue de partager les expertises et de stimuler la recherche sur la régulation. Ces liens peuvent passer par l’accueil d’étudiants, de chercheurs, de stagiaires ou l’organisation de conférences…
En quoi la recherche en régulation des médias est-elle importante pour les citoyens ?
La recherche est intimement liée à l’exercice de la régulation. Il faut connaître l’état des lieux du secteur pour fonder des politiques publiques et des mesures régulatoires adaptées aux réalités sociales ou économiques. Il est donc nécessaire de produire des données empiriques, d’objectiver les choses pour agir de manière appropriée. Par ailleurs, la recherche sert aussi des visées prospectives : elle doit permettre de réfléchir aux transformations du secteur audiovisuel pour mieux les anticiper et les accompagner.
Quels sont les projets de recherche d’intérêt à mettre en place dans un premier temps ?
Plusieurs thématiques de recherche sont en cours de discussion. Parmi elles, je citerai l’égalité hommes/femmes et les discriminations, la protection des mineurs ou encore l’analyse des évolutions de la communication commerciale. Ces thématiques sont au cœur de l’activité du régulateur, tant dans ses missions de contrôle que d’analyse prospective du secteur audiovisuel.
capsule Joelle lancement service recherche ST from CSA on Vimeo.
Consultez le dossier « Jumelage Haica-CSA »