Le Conseil supérieur de l’audiovisuel remet son bilan sur l’exercice 2017 de l’éditeur public. Le contrôle porte sur les 3 services télévisuels, les 6 services sonores, ainsi que la plateforme Auvio de la RTBF et ses services web. Un bilan positif pour l’éditeur qui signe une belle année en matière de réponses à ses missions de service public. Le CSA encourage toutefois la RTBF à étendre son offre sportive tant en radio qu’en télévision en mettant davantage l’accent sur les sports pratiqués par les femmes et par les personnes en situation de handicap. Le CSA souhaite enfin entamer le dialogue avec l’éditeur au sujet de l’absence d’évaluation des plans relatifs à la promotion de l’égalité femmes/hommes et de la diversité au sein de son personnel.
La RTBF remplit ses missions de service public
Un constat domine les conclusions des différents chapitres du bilan : l’éditeur concrétise les obligations spécifiques qui lui sont confiées par contrat de gestion. La RTBF va au-delà et dépasse parfois largement ses obligations sur des matières importantes. En éducation permanente, 1368 heures de programme ont été diffusées par l’éditeur en télévision et en radio. Les obligations en matière d’information sont également largement atteintes, surtout en radio, où La Première et Vivacité proposent une offre abondante et variée au regard des obligations minimales à remplir. En production propre, la RTBF dépasse à nouveau ses engagements et atteint 13 heures de programmes par jour en télévision pour une obligation de 9 heures et 20 heures en radio pour une obligation de 18 heures. Si la RTBF est tenue de diffuser au moins 55% d’œuvres européennes en télévision, elle dépasse le quota et atteint 83% en 2017. On constate néanmoins que le volume des œuvres indépendantes récentes passe de 15 à 13%, même si l’éditeur reste au-dessus du seuil d’obligation fixé à 10%.
Le bilan pointe un dépassement des quotas de visibilité des artistes musicaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La Première, Vivacité et Pure enregistrent un dépassement moyen de 7% par rapport au seuil de 10%.
En matière d’accessibilité, la RTBF a diffusé 2.612 heures de programmes sous-titrés à destination des personnes sourdes et malentendantes, soit 20% de plus que sur l’exercice 2016. L’objectif de 1.200 heures est donc largement atteint. La RTBF s’inscrit dans la dynamique d’augmentation annuelle prévue par son contrat de gestion.
Epinglée par le CSA l’an dernier pour défaut de diffusion à horaire raisonnable de son programme de médiation, la RTBF a modifié ses horaires.
La RTBF investit enfin davantage dans la production indépendante. Alors que l’obligation s’élève à 7.555.761€, la RTBF a investi 11.101.781€ en 2017 dans des contrats passés avec des producteurs indépendants, soit 12,3% de plus qu’en 2016.
Un éditeur qui renouvelle ses formats
Avec des initiatives comme la plateforme Auvio, ou de nouveaux formats comme Tarmac, déjà mis en valeur par le CSA lors du précédent contrôle, la RTBF apporte des réponses pertinentes et modernes à l’évolution des publics qu’elle est tenue d’atteindre et de leur consommation.
Auvio draine désormais 90.000 visiteurs par jour sur sa plateforme qui visionnent ensemble 400.000 contenus[1]. À l’échelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ces chiffres atteste d’un véritable succès et confirment le virage numérique entrepris par la RTBF. En 2017, la RTBF a presque doublé son offre de webradios avec désormais 19 services, dont 9 déclinaisons de Classic 21 et 7 de Tarmac.
La Première a connu de grands changements au printemps 2017, se voyant dotée d’un nouveau studio repensé pour la radio visuelle, d’une nouvelle grille de programme et d’un nouveau site internet. Ces nouvelles déclinaisons devraient permettre de présenter des contenus à vocation d’information culturelle à un public plus large.
L’offre « Vews » a également été lancée en 2017. Destinée à toucher le public 18-35 ans, cette nouvelle offre de la RTBF est diffusée en priorité sur les réseaux sociaux et sur le web avant d’être programmée sur La Deux en fin de soirée. De manière générale, l’éditeur propose des solutions innovantes en matière d’information pour toucher les différentes catégories du public. L’édition du JT de midi traite l’actualité régionale, tandis que l’édition du soir est davantage portée sur l’actualité politique et internationale. Le format des programmes d’information se diversifie. À titre d’exemple, l’émission « À votre avis » repose en partie sur l’avis de la population recueilli par application mobile. Suite à l’enquête « Noir, Jaune, Blues », une série de reportages en immersion dans les quartiers ont été diffusés sur le web, en décrochage radio et dans les journaux nationaux, notamment en télévision.
La RTBF se lance aussi dans des formats innovants et entièrement pensés pour les réseaux sociaux. La première série exclusivement diffusée sur Snapchat a été produite et diffusée en 2017. Un véritable succès puisque les 40 épisodes de #PSL ont cumulé 15.000.000 de vues.
L’idée d’un déploiement des programmes sur le web s’est structurée à la RTBF en 2013 avec la création de la cellule « webcréation ». Cette dernière finance des séries sous la forme d’appel à projets dont la diffusion est exclusivement proposée via les canaux web de l’éditeur dont Auvio. Depuis sa création, la cellule a permis d’asseoir la légitimité de l’éditeur sur le web avec des productions reconnues tant sur le plan belge qu’international. En 2017, une première série sonore a été lancée : « C’est tout meuf » marque l’entrée de la RTBF dans l’univers des podcasts. D’autres séries sonores sont apparues en 2018 telles que « Doulange » et « Salade Tout ».
Avec une panoplie de nouvelles offres, l’adaptation et la création de formats pensés pour être diffusés transversalement en télé, radio et sur le web, la vision 360 voulue par la RTBF pour exploiter l’ensemble des supports de diffusion et de consommation est désormais une réalité chez l’éditeur.
La culture bien répartie en radio, mais davantage concentrée en seconde partie de soirée en télé
En tant qu’éditeur public, la culture occupe une place importante dans la programmation de la RTBF tant sur ses services sonores que télévisuels. L’éditeur est tenu de couvrir un large éventail de disciplines artistiques, de mettre en valeur les ressources culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et d’apporter une attention particulière aux talents émergents. En radio, les 5 services de la RTBF diffusent 90 heures par semaine de programmes culturels. Si La Première et Musiq3 concentrent 74% de l’offre culturelle, l’offre est globalement bien répartie auprès des autres services, tant en journée, qu’en soirée.
Cette répartition de l’offre culturelle est moins équilibrée en télévision, en effet, La Deux et La Trois concentrent 91% de l’offre culturelle. On constate également que les programmes culturels sont plutôt relégués en seconde partie de soirée avec près de la moitié de l’offre (47%) diffusée après 21 heures. Si l’obligation en termes de programmation culturelle est rencontrée, le CSA encourage l’éditeur à développer la transversalité de son offre pour toucher un public plus large.
Équilibre femmes-hommes à la RTBF : le CSA entame le dialogue avec l’éditeur
En matière d’égalité entre les femmes et les hommes, la RTBF a rappelé sa volonté d’une « diversité inclusive » dans les contenus. De nombreuses initiatives ont ainsi été envisagées. Parmi elles, des collaborations européennes, notamment via l’UER[2], des rencontres culture-RTBF qui ont mené à la rédaction d’une charte visant à promouvoir la diversité dans le champ de la culture, ou encore la poursuite des collaborations engagées avec Expertalia…
En 2017, si l’éditeur a déclaré recruter 51% de femmes, les femmes représentent toutefois 38,97% de l’ensemble des effectifs. Le comité de direction est quant à lui composé de 2 femmes, pour 8 hommes. Depuis 2014, on constate que la proportion de femmes à la RTBF a stagné au sein du personnel et a même connu un léger recul en 2017 après une progression enregistrée entre 2014 et 2016.
Même si l’éditeur mène incontestablement diverses actions dans le domaine de l’égalité et de la diversité, le CSA estime que ces efforts sont davantage concentrés sur l’antenne que sur les ressources humaines. Pour la troisième année consécutive, l’éditeur n’a pas fourni d’évaluation formelle de ses plans relatifs à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de son personnel. Le CSA souhaite dès lors engager un dialogue dans l’espoir de voir cette thématique importante progresser lors du prochain contrôle.
Lire aussi Programmes sportifs : vers plus de diversité ?
Pour plus d’informations
Consulter l’avis RTBF dans son intégralité
[1] « Jean-Paul Philippot : « Ce n’est pas un big-bang pour la RTBF mais une montée en puissance », J-F Munster, Le Soir, 29/08/2018.
[2] L’Union Européenne de Radio-Télévision