« Bruxelles ma Belle » : WebTV à la découverte de la capitale européenne en musique

Olivier Donnet

« Bruxelles ma Belle » propose de découvrir près de 150 artistes, belges comme internationaux, à travers des vidéos tournées dans une centaine de lieux emblématiques de la capitale. De Noa Moon à Arno, de l’Atomium à la Place Flagey en passant par le centre de plongée Nemo 33, « Bruxelles ma Belle » embarque en chanson les spectateur.trice.s à la découverte des multiples recoins de la capitale européenne. Rencontre avec Emmanuel Milon, dit Manou, le créateur de cette WebTV qui a de quoi ravir nos oreilles et nos yeux.

Sorti en 2005 de l’Institut des Arts de Diffusion (section montage), Manou commence par travailler pour la RTBF, en tant que monteur. À ce moment, il passe beaucoup de temps au Botanique, en tant que passionné tout d’abord. Avant qu’une idée ne germe dans son esprit… j’ai eu envie d’aller plus loin, j’étais frustré de n’être « que » spectateur. J’ai commencé à penser à un concept et j’en ai parlé à des amis de l’IAD, qui sont des professionnels du son et de l’image.

Les débuts

Manou commence alors à démarcher plusieurs artistes. Il faut dire que je ne connaissais personne dans la musique, vu que j’étais surtout orienté cinéma. C’est lors d’un projet avec le groupe liégeois Eté 67, que Manou rentre en contact avec le label PiaS. Celui-ci, intéressé, invite Manou pour s’entretenir du projet « Bruxelles ma Belle », chose assez rare d‘ailleurs ! Normalement, c’est toi qui cours après les labels, pas l’inverse. La discussion aboutit à une première vidéo de « Bruxelles ma Belle », en mars 2010 : Eté 67 sur un toit de Saint-Josse. Ils ont trouvé ça super et ont même utilisé la vidéo pour le clip officiel du groupe pendant un moment. A partir de ce moment-là, ils ont commencé à nous proposer plusieurs artistes.

 

Au bout d’un an, fort de son expérience et avec plusieurs réalisations à son actif, Manou décide de chercher du financement pour poursuivre le projet « Bruxelles ma Belle ». En effet, à ce stade, c’était un projet pour lequel j’étais encore totalement bénévole. Je m’occupais de tout : démarcher les maisons de disque, les labels, les artistes, les lieux

J’ai totalement arrêté la RTBF, les tournages, et j’ai commencé à écrire des dossiers et introduire des demandes de financement. Jusqu’au jour où le Service Patrimoine de la région de Bruxelles Capitale lui donne rendez-vous. L’idée, présente dès le début du projet, c’était de mettre en avant le patrimoine bruxellois. Les fonds régionaux n’ont pas l’habitude de financer des clips musicaux, ils sont surtout destinés à la restauration de lieux et de bâtiments. J’ai dû leur expliquer qu’il n’y avait pas d’entourloupe, que je voulais aussi mettre, à ma manière, Bruxelles à l’honneur ! Cela fait maintenant 6-7 ans qu’ils nous soutiennent, ce qui me permet de me rémunérer, payer les gens qui travaillent avec moi et faire vivre « Bruxelles ma Belle ».

Aujourd’hui 

Depuis, Manou travaille à temps plein pour « Bruxelles ma Belle ». Sur les tournages, il est toujours accompagné d’un ingénieur son et d’un collaborateur pour filmer. On est donc minimum deux ou trois. Parfois, lors de plus gros tournages comme Girls in Hawaï dans la Gare Centrale, on a besoin de plus de personnes. Mais je dirais qu’on est, avant tout, un noyau de 4-5 personnes à graviter autour du projet.

 

Aujourd’hui, ce sont les maisons de disques qui bien souvent sollicitent « Bruxelles ma Belle ». Maintenant qu’on a travaillé avec plus de 150 artistes et que le projet existe depuis sept ans, j’ai de plus en plus de demandes de la part des labels. Comme on est relativement connus dans le milieu, les gens me contactent d’eux-mêmes pour me proposer des artistes. Il y a une semaine, on m’a proposé de filmer Tamino, un artiste flamand qui est en train de monter.

Désormais, « Bruxelles ma Belle » peut se permettre de faire de plus grosses pointures, tout en continuant à proposer des artistes-découvertes. Il n’y a pas de ligne très stricte, on n’est pas dans de l’indé total. Idem avec les lieux : on tourne parfois dans des lieux très connus, comme la Grande Place, mais on essaie toujours de faire découvrir des lieux moins connus comme l’Aegidium ou la Maison Pelgrims. Et pas question de filmer tout le monde, au final c’est moi qui décide si je filme ou non. Le choix dépend aussi de mes affinités avec la musique, il faut que j’y trouve un intérêt. C’est l’idée que j’ai eue depuis le début et qu’on poursuit toujours, depuis maintenant sept ans. On fête cet anniversaire chaque année en décembre !

La WebTV : un concept qui fait la part belle à la liberté

« Bruxelles ma Belle », c’est une WebTV : un média qui se développe sur le Web et qui laisse une grande place à la liberté, une page Facebook qui rassemble 15.000 abonnés et une chaîne YouTube. Une radio, une télévision ne diffusera jamais la moitié des artistes dont j’ai parlé. Je fais tous les choix que je veux en termes d’artistes, de lieux… Il y a également une certaine liberté dans le rythme. À un moment je produisais une capsule par semaine, ce qui est plutôt insoutenable. Je suis libre de choisir le rythme auquel je diffuse mes vidéos, et c’est pour moi un des avantages de la WebTV souligne Manou. Je vois la WebTV avant tout comme un site web où les gens viendraient, comme sur un petit marché, choisir dans toute la grille d’artistes ceux qu’ils souhaitent découvrir.

Reconnue depuis le 29 mars comme WebTV en FWB, « Bruxelles ma Belle » a encore de beaux jours devant elle. Je suis très content de ce projet et assez optimiste pour la suite ! Je ne me mets pas de missions infranchissables, ni d’objectifs inatteignables… je me dis plutôt que « Bruxelles ma Belle » est un chouette projet et je m’investis pleinement dedans.

Lire le bilan du CSA sur les WebTV.

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