L’évolution des plateformes Auvio et RTL Play sera très intéressante à observer

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Madeleine Cantaert intègre l’Unité Télévisions du CSA. Anciennement Conseillère en Communications commerciales et pluralisme, elle rejoint aujourd’hui Noël Theben dans la gestion des thématiques télévisuelles.

Notre Conseillère prend place au sein d’une unité au cœur d’évolutions constantes et essentielles. Les enjeux du secteur télévisuel et de sa régulation sont nombreux : convergence, déploiement du non linéaire, diversification des catégories d’éditeurs sur internet, révision de la législation européenne… Autant de matières sur lesquelles se penchera rapidement Madeleine Cantaert.

Quels sont les grands chantiers qui t’attendent en 2018 au sein de l’Unité TV ?

 

On observe une effervescence importante liée au déploiement des nouvelles formes de télévisions sur internet. D’une part, des éditeurs nouveaux apparaissent, d’autre part les acteurs historiques s’adaptent, évoluent et innovent, notamment dans leur transition numérique. À l’échelle de la FWB, on voit que des services comme Auvio ou RTL Play s’inscrivent totalement dans ces développements et les accélèrent. Cette convergence représente de nombreux enjeux en matière de régulation en général et pour l’Unité Télévisions en particulier.

Un autre défi de taille est celui de la compétence territoriale qui pose la question de la régulation de certains éditeurs dans le contexte européen. C’est notamment ce débat qui se trouve au cœur du dossier RTL ou de celui, plus récent, lié à l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge francophone. Mais ce débat touche aussi à la régulation des éditeurs et des plateformes internationales telles que Netflix et YouTube par exemples.

 

Concrètement, comment vois-tu l’évolution des services linéaires et non-linéaires ?

 

Il me semble que les télévisions linéaires vont poursuivre leur rôle de « proximité » et de « vecteur de confiance ». Ces services restent pertinents aux yeux des consommateur.trice.s, non seulement dans les valeurs véhiculées, mais aussi dans la structuration du contenu télévisuel à travers des programmes phares et fédérateurs comme les journaux d’information, certains formats phares, ou encore les grands directs, qui continuent de mobiliser de  fortes audiences. Le non-linéaire quant à lui offre une grande souplesse dans la structuration du contenu et permet un ciblage plus intense, avec une temporalité dénuée d’une dimension « événementielle ». Sans doute ces deux univers sont-ils amenés à se rejoindre et à fonctionner ensemble en renforçant leurs forces mutuelles. Actuellement, le numérique est perçu comme un tournant incontournable pour l’ensemble des éditeurs. Il se peut qu’au fur et à mesure de la connaissance intrinsèque des logiques, des outils et des subtilités du numérique, les stratégies entre le linéaire et le non-linéaire soient amenées à s’affiner davantage et à s’imbriquer, dans une logique de complémentarité. Pour reprendre les exemples précités, l’évolution des plateformes Auvio et RTL Play, en complémentarité de l’offre linéaire, sera très intéressante à observer.

 

Les services audiovisuels publics occupent aussi une grande part d’attention de l’Unité TV du CSA ?

 

Absolument. Concernant la RTBF, le contrat de gestion actuel de la RTBF a été prolongé d’un an. En vue du nouveau contrat de gestion de la RTBF, le CSA a remis une analyse des obligations de l’éditeur sur les cinq dernières années ainsi que des points d’attention pour le contrat de gestion à venir sur des thématiques essentielles telles que le soutien à la production indépendante, l’accessibilité et les règles en matière de communication commerciale. Les télévisions locales jouent elles aussi des rôles importants en termes de mission de service public. Leur Fédération occupe un rôle central qui peut mener à des projets importants. Les 12 télévisions locales ont par exemple créé une plateforme commune dans le cadre des élections communales 2018. En tant que médias de proximité, elles s’engagent également dans la révolution numérique en se rapprochant de leurs audiences via les réseaux sociaux.

Le portrait de Madeleine Cantaert

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