« Pure players » en FWB : 4 questions à Noël Theben

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Noël Theben est responsable de « l’Unité Télévisions » du CSA. WebTV, chaînes Youtube, pure players… Cette unité se développe aussi auprès des médias audiovisuels sur internet. Le contrôle annuel des pure players reconnus en FWB est une bonne occasion de rappeler les chantiers ouverts par le régulateur pour accompagner le déploiement de ce secteur prometteur né sur le web.

Le CSA poursuit son exploration des médias audiovisuels sur internet ?

 

En effet, l’unité télévision découvre le dynamisme des Belges francophones au travers d’une variété de nouveaux canaux : WebTV, chaînes Youtube, pure players… On suit également avec beaucoup d’intérêt la manière dont les télévisions traditionnelles se déploient sur internet. C’est passionnant ! Notre job est d’adapter la régulation à cette nouvelle donne. Pour ce faire, le CSA suit au plus près les évolutions actuelles, se documente, récolte des données, dialogue avec ses homologues européens, rencontre les acteurs du secteur… Progressivement, nos procédures évoluent pour transposer les principes de la régulation à toutes les nouvelles formes de télévisions.

 

Quels sont les enjeux de la régulation qui s’imposent aux « pure players » ?

 

Pour le moment, deux sont prioritaires. D’abord, la protection des mineurs. Le CSA réalise des monitorings pour s’assurer que les règles en matière de signalétique sont respectées. Les derniers résultats démontrent que « Plush », « Universciné » et « Dramapassion » sont conscients de leurs obligations. Certes, tout n’est pas encore parfait mais les développements sont en cours afin que leurs plateformes intègrent les prescrits légaux. Concernant la mise en valeur des œuvres européennes, le CSA entreprend actuellement un travail de fond. Nous répertorions les outils modernes de promotion utilisés par les éditeurs pour valoriser les œuvres européennes : réseaux sociaux, suggestions dans les catalogues, algorithmes… Nous tentons également de cerner l’impact de la promotion sur la consommation des œuvres européennes. Ces démarches se font en bonne intelligence avec le secteur. Bien sûr, le CSA s’intéresse en parallèle à la manière dont les géants américains, comme Netflix, s’investissent ou non dans cette dynamique… Nous ne perdons pas de vue que la législation européenne pourrait prochainement évoluer, sur ce point comme sur d’autres.

 

Votre entretien avec les « pure players » soulève d’ailleurs des enjeux plus prospectifs ?

 

En effet, les « pure players » portent une revendication très claire quant à la chronologie des médias : selon eux, elle doit s’adapter aux nouveaux modes de consommation du public. Pour éventuellement avancer là-dessus, il faut ouvrir le débat aux exploitants de salles, aux télévisions premium, à tous les maillons de la chaîne… Ce sujet était au programme d’une rencontre « Plan TV » organisée à l’occasion du FIFF. L’appel lancé par le secteur à la SACD, au CCA et au CSA était clair : poursuivre et objectiver la réflexion. L’autre questionnement des « pure players » porte sur leur place dans le paysage. Ils souhaiteraient lancer des partenariats « win-win » avec l’audiovisuel traditionnel mais se sentent méconsidérés. Ils déplorent le manque de solidarité de notre secteur et constatent que les lieux d’échanges sont trop rares.

 

Plutôt surprenant : Plush et Universciné ne perçoivent pas Netflix comme un concurrent direct ?

 

Ce n’est pas de l’optimisme béat. Plutôt une belle faculté d’adaptation ! Pour le moment, les géants américains tiennent le marché. C’est un fait. L’intelligence commerciale est donc dans la finesse du positionnement. « Dramapassion » se concentre sur un catalogue ultra-thématique composé d’œuvres sud-coréennes qu’on ne trouve nulle part ailleurs. « Universciné » est tourné vers le cinéma indépendant, le cinéma d’auteurs et le cinéma du monde. Enfin, « Plush » mise beaucoup sur l’étendue de son catalogue et sur l’esprit de communauté qui lie ses utilisateurs. Netflix prend beaucoup de place, mais pas toute la place !

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