Télévisions sur le web, préserver la diversité

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  • Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie son bilan du respect par les WebTV reconnues en Fédération Wallonie-Bruxelles de leurs obligations légales pour 2016. L’occasion d’une analyse prospective de ce secteur particulier, constitué de nombreux bénévoles passionnés, dont la contribution remarquable à la diversité de notre paysage audiovisuel reste méconnue.

 

  • Le bilan dresse des tendances de contenus : la plupart des WebTV sont des éditeurs résolument orienté vers des missions d’intérêt général : culture, éducation permanente, participation citoyenne, cohésion sociale, etc.

 

 

  • Le volet économique est également abordé : les audiences sont difficiles à monétiser sur le web. En outre, le soutien public reste inadapté aux WebTV et autres médias audiovisuels connectés

 

 

Le paysage des WebTV en FWB

 

Vingt WebTV sont aujourd’hui reconnues par le CSA en Fédération Wallonie-Bruxelles. Treize étaient concernées par le contrôle du CSA pour l’exercice 2016[1].

Depuis 2016, six nouveaux services se sont déclarés au CSA. Parmi ces nouveaux entrants, Almouwatin TV rassemble les communautés autour de son slogan « vivre mieux, c’est vivre ensemble ». V’Ro TV part à la rencontre de citoyen.ne.s pour mettre en lumière des initiatives positives. Dernier entrant, Zin TV vise à traiter l’information sous un angle spécifique en relayant avec une attention particulière l’actualité des différents mouvements sociaux et citoyens.

Classées parmi 6 catégories principales, les WebTV couvrent un registre large de thématiques. EKTV et V-RO TV proposent des contenus « généralistes ». Bel’Afrika et Almouwatin TV relayent les préoccupations des Belges issus de la diversité. Waterloo TV, Braine.tv et Comblain TV sont actives à l’échelon « micro-local ». La Zone Geek et Les gars de Jette diffusent des contenus « humoristiques ». ULG TV et Umons TV sont des outils de communication du monde « académique ». Air TV Music et TV Wallonie produisent des contenus de développement « culturel ». PFWB TV et AWEX TV se font le relai de messages « institutionnels ». Enfin, RTA est active dans le domaine de l’éducation permanente.

 

Un mouvement comparable à celui des radios libres dans les années 80

 

L’allègement des coûts de la production audiovisuelle et la multiplication des canaux de diffusion suscitent un nouvel élan des créateurs et des communautés (qu’elles soient locales, d’intérêts ou d’origine) vers le média télévisuel connecté.  L’effervescence de ce secteur n’est pas sans rappeler le mouvement des radios libres dans les années 80. Les WebTV se positionnent de manière complémentaire aux carcans généralistes proposés par les éditeurs traditionnels en portant des voix et des thématiques qu’elles considèrent trop peu entendues par ailleurs.

Cet apport à la diversité est quantifiable : en 2016, les 13 éditeurs contrôlés ont produit ensemble 350 heures de programmes inédits. Il s’agit d’une contribution non négligeable au pluralisme et la diversité de l’offre de médias audiovisuels en FWB. Toutes proportions gardées, ces 350 heures constituent un bilan chiffré comparable à la production annuelle moyenne d’une télévision locale. Les WebTV sortent aussi largement de leur microcosme et proposent de nombreuses collaborations avec, notamment, les radios indépendantes.

 

Un attrait pour YouTube et Facebook

 

Le constat le plus marquant sur le plan du déploiement numérique des WebTV est celui d’une migration progressive de plusieurs chaînes vers les plateformes de partage de vidéos (principalement YouTube) et/ou vers des « pages audiovisuelles » sur les réseaux sociaux (principalement Facebook). Parmi les WebTV contrôlées, huit sont actives sur YouTube et cumulent aujourd’hui près de 5 millions de vues.

Un glissement vers Facebook se confirme également à l’examen de certaines WebTV qui génèrent plus de vues sur le réseau social que sur leur site propre.

Ces géants du web offrent des solutions globales de distribution et leur permettent aux WebTV de se centrer sur leurs missions éditoriales. Toutefois, ce glissement porte un enjeu de régulation important, celui de la diversité des plateformes et de la possibilité sous-jacente pour un éditeur de monétiser lui-même ses contenus sans devoir se plier au partage des revenus imposé par YouTube et Facebook.

 

Recherche : modèle économique

 

La plupart des WebTV fonctionnent grâce à l’implication de bénévoles. Certaines perçoivent des subsides ponctuels. La plupart considèrent que les systèmes d’aides publics sont inadaptés à leurs réalités. Aujourd’hui, les WebTV qui ne disposent d’aucun moyen public éprouvent des difficultés importantes à développer, voire à maintenir leurs activités. Ces dernières années, deux WebTV de développement culturel ont arrêté leur diffusion faute de plan financier rentable. Le modèle basé uniquement sur la commercialisation du digital parait encore hasardeux aujourd’hui, même lorsqu’il peut s’appuyer sur une audience convaincante.

Une revendication constante du secteur, que le CSA soutient, réside dans une reconnaissance du travail d’intérêt général concrétisé par les WebTV et sur la nécessité d’un soutien financier en contrepartie, qu’il soit public ou calqué sur le modèle de redistribution dont bénéficient les radios associatives et d’expression. Certains éditeurs sont pionniers de la télévision sur internet en FWB, ils produisent des contenus répondant à des missions de service public et tentent de résister aux géants de la distribution audiovisuelle sur le net en entretenant une plateforme propre. C’est à ce triple titre qu’ils revendiquent plus de reconnaissance des pouvoirs publics.

 

[1] Seuls les services édités sur un exercice complet font l’objet du contrôle annuel. N’ont dès lors été contrôlées que les WebTV déclarées courant 2015 ou auparavant. Le CSA constate aujourd’hui une augmentation du nombre de demandes de déclaration pour ce type de médias.

 

Consultez le bilan du CSA

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