« Une base financière solide pour une offre média riche »

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Mais tout de même, un groupe, c’est aussi une vision, une approche. Les frontières entre les rédactions peuvent être perméables. N’y a-t-il pas un risque sur l’indépendance des services ?

Le journaliste en tant que professionnel est soumis à un code de déontologie et est par ailleurs soumis à un règlement d’ordre intérieur. Chaque rédaction dispose d’une ligne éditoriale séparée des autres. Les rédactions de Bel RTL et de Radio Contact sont d’ailleurs situées à des endroits différents. C’est assez curieux de voir que le débat relatif à la séparation des éditions n’est pas vraiment appliqué à la RTBF dans son projet de rassembler toutes les rédactions. Un autre exemple qui montre bien que la presse est libre, et dès lors que chacun de nos services est libre, ce sont les différents titres de presse écrite qui n’hésitent pas à nous tacler alors qu’ils sont nos actionnaires. Lorsqu’un service se diversifie pour toucher une audience spécifique, il doit disposer d’une liberté rédactionnelle nécessaire.

Le secteur radio se porte bien et se trouve même en progression du point de vue des revenus publicitaire qu’il génère. Ne peut-on pas contenter plusieurs groupes à l’intérieur du paysage ?

Le problème est que le gâteau publicitaire n’est pas extensible. Celui-ci est réduit pour le secteur privé par la fourchette de plus en plus importante de la RTBF. Le service public se rapproche clairement des segments commerciaux. Vivacité, la Première sont un copié collé de Bel RTL sur les segments qu’elles cherchent à atteindre. Il n’y a presque plus de différence. La stratégie du service public est payante, mais le secteur privé, dont les seuls revenus sont issus de la publicité, voit sa part du gâteau se réduire toujours davantage.

En d’autres termes, vous constatez une concentration de l’offre radio en Fédération Wallonie-Bruxelles, y compris pour le service public ?

Bien entendu, les radios se ressemblent nettement plus. Il y a eu une concentration de l’offre sur des segments qui sont tout à fait commerciaux. Est-ce que c’est lié au fait qu’il y ait plus ou moins d’acteurs ? Je ne pense pas. Mais aujourd’hui, ce que cela montre, c’est que les radios essayent de se positionner sur les mêmes créneaux commerciaux. Y compris le service public, ce qui est à mon sens problématique. Malgré l’importance que représente la sauvegarde du pluralisme, on se dirige vers une concentration. Pour moi, à côté du service public dont toucher les publics les plus larges fait partie des missions, seuls les grands groupes peuvent vraiment se diversifier vers des créneaux qui sont compliqués d’un point de vue commercial. Il faut avoir l’appui d’un groupe qui accepte d’être déficitaire au départ. Seuls les acteurs importants peuvent avoir suffisamment de poids pour prendre des risques et aller chercher l’audience ailleurs pour les monétiser par la suite.  C’est une réalité, pour produire une offre médiatique riche et variée, il faut une base financière solide qu’un grand groupe peut offrir.

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