Audiovisuel sur Internet : la coordination entre institutions est essentielle

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Par Noël Thében et Madeleine Cantaert, Unité Télévisions du CSA 

2020 marquera la transposition de la nouvelle directive européenne sur les services de médias audiovisuels. C’est l’aboutissement d’une réflexion palpitante à laquelle les régulateurs, en particulier le CSA, ont activement participé. Rappelons que le texte précédent datait de 2008, ce qui représente donc plus d’un lustre, une éternité en audiovisuel… Car les usages n’ont pas attendu la norme. En 2008, quelques rares geeks découvraient Facebook, Lufy n’était connue que dans sa classe, et les usages mobiles se limitaient au mailing via le clavier intégré d’un Blackberry… Personne ne parlait alors de pure players, de web TV, ou de plateformes de partage de vidéos. Aujourd’hui, porté par les moins de 30 ans, le basculement de l’audiovisuel sur Internet est palpable, avec tous les défis que cela comporte en termes de créativité, de diversité, de légitimité… et de régulation. 

Aux premières loges de cette évolution, le CSA lui emboite le pas. Depuis des années, il interprète les définitions légales de manière volontaire et progressiste afin d’élargir le paysage audiovisuel belge à ses nouveaux entrants. Il s’efforce de garantir les droits des téléspectateurs quels que soient leurs écrans de prédilection. Ces démarches sont suivies d’effets. En Belgique francophone, les catalogues de vidéos à la demande sur Internet respectent la législation audiovisuelle depuis des années, les WebTV sont constituées en Fédération, un dialogue constructif est établi entre le CSA et les Youtubeurs… Aujourd’hui, l’évolution de la compétence matérielle des régulateurs, telle que portée par la nouvelle directive, conforte le CSA dans ses initiatives. 

Il faudra d’ailleurs rester réactif et créatif à l’avenir. Se poser à intervalles réguliers la question du sens des dispositions légales. Mais également agir pour une prise en considération globale des nouveaux éditeurs audiovisuels. En effet, la Fédération Wallonie-Bruxelles peut tirer bon nombre d’avantages économiques et culturels du développement de l’audiovisuel connecté. C’est d’ailleurs dans cette perspective que, lors de la première édition de son événement MeetYou (octobre 2019), le CSA mettait les influenceurs en relation avec certains de ses partenaires institutionnels. En effet, afin de ne pas rester à quai, il importe, comme le font nos voisins, de définir un cadre propice au développement des éditeurs audiovisuels sur Internet.  

En 2020, le CSA poursuivra le travail de pédagogie entamé à l’égard des influenceurs afin de les sensibiliser à leurs droits, devoirs et responsabilités. Il poursuivra également son exploration des plateformes audiovisuelles sur Internet. Ses premiers monitorings d’IGTV ou de TikTok démontrent d’ailleurs déjà, au-delà des enjeux de régulation, que la démocratisation de l’audiovisuel doit s’accompagner d’une éducation aux médias ciblée sur ces nouveaux usages, tant à l’égard des utilisateurs, de plus en plus jeunes, qu’à l’égard de leurs parents, de plus en plus dépassés. En effet, aux défis de régulation et de développement, s’ajoutent ceux liés au droit à l’image, à la sécurité des données personnelles, aux droits d’auteur, à l’hypersexualisation, au cyberharcèlement… Autant de thématiques déjà prises à bras le corps par les éditeurs de service public et par le Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM), dont les missions sont plus que jamais fondamentales. Le CSA tient évidemment son expertise à disposition de la politique publique en matière d’éducation aux médias. 

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