(Vidéo) La petite histoire d’un jumelage de cœur entre la Haica et le CSA

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Depuis le 14 décembre 2018, le CSA s’est lancé dans une grande aventure avec son homologue tunisien, la Haica. La mission, un jumelage s’étalant sur 21 mois pour échanger des expériences et contribuer au renforcement du processus démocratique tunisien initié par la révolution de 2011. Le projet se veut riche et ambitieux tant pour la Haica, que pour le CSA et son personnel affecté au jumelage. Plus de 300 heures d’expertise seront proposées à Tunis et à Bruxelles. Jean-François Furnémont est le chef de projet du jumelage  . Fin connaisseur de la régulation des médias tunisiens, il était déjà présent lors de la création de la première instance de régulation tunisienne, née des acquis de la révolution. Pour lui, ce projet est avant tout un jumelage de cœur entre deux institutions qui se connaissent et qui se respectent.

Extrait de la capsule

Un petit bout d’histoire autour du jumelage

C’est une longue et belle histoire qui a commencé au lendemain de la révolution en janvier 2011. À l’époque, le Ministre Président de la Communauté française a décidé de faire une mission en Tunisie pour soutenir le processus révolutionnaire et il a proposé de mettre à disposition l’expertise de certaines institutions. Pour la Communauté française il a choisi le CSA. Nous avons donc soutenu l’INRIC (l’Instance nationale de régulation de l’information et de la communication) qui était la toute première instance de régulation. Sa mission était de délivrer les premières licences provisoires aux radios et aux télévisions qui souhaitaient émettre après la révolution. La révolution a engrangé un processus de libération de la parole important. Elle était aussi et avant tout une libération de l’expression publique qui passait par la presse, la radio et la télé, d’où l’importance de ces licences.

On a donc soutenu l’INRIC et puis, ça ne s’est jamais arrêté. On a soutenu l’élaboration du décret 116 qui est toujours la base législative sur laquelle travaille la Haica. Quand la Haica a été créé en 2013, le CSA a toujours été en soutien d’une manière ou d’une autre, que ce soit pour l’expertise ou encore l’accompagnement des missions qui lui étaient confiées. Le processus de collaboration existe maintenant depuis 7 ans et quand le projet de jumelage a été lancé, il semblait naturel que le CSA se voit attribué le jumelage. Nous avons pu entretenir une longue collaboration et une confiance mutuelle fondamentale pour mener à bien ce type de projet.

Les enjeux de la régulation en Tunisie

Il y en a énormément. La Haica est une instance constitutionnelle, ce qui donne déjà la hauteur des enjeux qu’elle recouvre. Elle est aussi une instance démocratique. On parle de quoi finalement ? De la liberté des médias, de la liberté d’expression, du pluralisme des médias, autant de choses sans lesquelles les acquis de la révolution disparaitraient du jour au lendemain. Les enjeux sont donc nombreux et les défis sont de taille. Il faut maintenant se projeter dans l’avenir. La Haica a toujours été confrontée à des défis urgents. Pour qu’une institution fonctionne, il faut sortir la tête du guidon et imaginez ce que pourrait être un organe régulateur dans 5 ans et ce que pourrait être le paysage médiatique dans 5 ans. Il faut donc se projeter. C’est le premier défi important.

Le second défis sera de pouvoir poser des bases solides, notamment organisationnelles. Par exemple, mettre en place des procédures fluides pour travailler de manière optimale. Aujourd’hui, la Haica représente un staff de 60 personnes. Ce n’est pas rien. Le jumelage travaillera sur cet enjeu. Un autre élément qui nous importe est celui du socle législatif sur lequel se repose la Haica. Pour réguler correctement il faut un socle législatif fort. La nouvelle loi sur l’audiovisuel que l’on attend depuis longtemps doit pouvoir offrir à la Haica un statut correct, un financement correct et une indépendance totalement garantie à l’égard du pouvoir politique et économique, pour que l’instance puisse exercer pleinement son rôle de régulateur des médias…

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