Nouveautés et enjeux du prochain plan de fréquences

Régulation | Régulation

Le nouveau plan d’attribution des fréquences radios va être au cœur de l’actualité audiovisuelle les prochains mois. Comment ce plan va-t-il impacter le paysage radio FM ? Quelles sont les nouveautés liées au déploiement numérique, avec l’arrivée du DAB+ ? Cédric Mauer, de l’unité Radio du CSA, lève une partie de voile… et du travail à venir.

 

Les fréquences radio de la Fédération Wallonie-Bruxelles vont être remises en appel d’offre prochainement. Ça signifie quoi concrètement ?

En 2008, on avait fait table rase sur tout ce qui existait en FM pour redistribuer l’ensemble des fréquences. La majorité du cadastre avait été mis en appel d’offres. On va travailler avec la même logique en 2019. La plupart des autorisations – d’une durée de neuf ans – sont arrivées à échéance. Pour les sept radios qui ne sont pas encore au terme de leur autorisation, de nouveaux appels d’offres auront certainement lieu un peu plus tard.

 

Autoriser une radio, simple formalité ou travail complexe ?

C’est un travail complexe qui ne se fait pas à la légère. En effet, les fréquences hertziennes sont des ressources publiques rares. Le cadastre actuel est une sorte de puzzle où on ne peut pas ajouter des fréquences n’importe où et n’importe comment parce qu’on est à saturation et un petit changement peu impacter une ou plusieurs radio.s.

Autoriser une radio se fait sur base de critères objectifs pondérés comme, par exemple, les engagements pris par les candidats en matière de quotas musicaux, de promotion culturelle, de production propre, etc.

Le CSA adopte également, à chaque appel d’offres, des recommandations qui expliquent la manière dont il va assurer une diversité dans le paysage radiophonique. On évitera ainsi de se retrouver avec trois radios du même format, visant un même public, au sein d’une même ville.

 

La grande nouveauté du prochain plan de fréquences est la technologie DAB+. Ça va changer quoi ?

Pour l’auditeur, il gagne assurément en qualité d’écoute. En FM, un mauvais signal signifie un grésillement. Avec le DAB+, on capte ou on ne capte pas mais il n’y a pas d’entre deux.

Pour les radios, il y aura plus de place dans le spectre. Le cadastre analogique des radios indépendantes comprend 70 radios autorisées à l’heure actuelle et la capacité du numérique sera de plus de 200 radios indépendantes potentielles. La couverture sera meilleure aussi pour celles-ci.

Pour les radios en réseaux, les couvertures des différents services seront identiques car les différentes radios vont être sur les mêmes  bouquets, y compris celles de la RTBF. Elles couvriront donc de la même manière la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par exemple, si Bel RTL est sur le même bouquet que Nostalgie, tous les auditeurs de Bel RTL sans exception capteront Nostalgie et vice versa. Il y aura la capacité pour diffuser cinq nouvelles radios privées et aussi la possibilité de diffuser des données associées. En effet, les récepteurs radios équipés d’un écran pourront afficher toute une série d’informations et d’images comme, par exemple, la météo, l’info-trafic ou encore la pochette du single qui est diffusé.

 

Dans les faits, est-on prêt pour le DAB+ ?

Le secteur est prêt mais l’auditeur n’est pas encore équipé. Les particuliers et les équipementiers automobiles doivent adapter leur équipement afin que le matériel soit compatible.

Pour les radios indépendantes qui sont de petites entités, les aides publiques auront toute leur importance et ces questions trouveront leur réponse dans les prochaines semaines. Le principe du DAB+ est d’avoir un émetteur à un endroit qui reprend plusieurs radios sur le même signal et moins de sites d’émission qu’en FM. L’avantage pour les radios en réseaux est qu’elles vont diminuer leur coût d’émission une fois la période de simulcast (double diffusion FM/DAB+) terminée.

 

Pour les radios indépendantes, est-ce que dans toutes les localités le signal sera réparti sur beaucoup de radios pour assurer une répartition des coûts ?

Ce n’est pas du tout certain. Pour ces radios, l’enjeu du financement est capital. Et ce serait dommage qu’elles ne puissent être dans l’offre numérique.

 

Quelles sont les grandes étapes du plan de fréquences pour les radios ?

Le CSA reçoit les candidatures, les traite et autorise les radios. Tout commence avec la publication de l’appel d’offres au Moniteur belge par le gouvernement. Une fois cette première étape franchie, la procédure complète jusqu’à la remise des autorisations prendra six mois.

Les radios candidates disposent tout d’abord de deux mois pour rentrer leur dossier de candidature. Ensuite, le CSA a un mois pour se prononcer sur la recevabilité de l’offre selon six critères dont le respect du délai pour remettre sa candidature, l’envoi par recommandé, la présence d’un plan financier établit sur trois ans, la candidature à une fréquence figurant dans l’appel d’offres… Une fois les dossiers recevables retenus, le CSA dispose de trois mois pour traiter les dossiers : qualifier les projets en termes de format et public cible, attribuer les points sur les critères pondérés, classer les candidats. Au terme de ces 6 mois, le Collège d’autorisation et de contrôle délivre les précieuses autorisations et motive ses choix.

   Send article as PDF