Le rôle des distributeurs est-il bien connu du public ?

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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel vient de publier son bilan annuel des télédistributeurs. L’occasion de faire le point sur le respect des obligations auxquelles ce secteur est tenu, mais aussi d’évaluer les tendances et perspectives du paysage dans lequel ils s’inscrivent. Pour les consommateur.trice.s, le distributeur, c’est celui qui assure la diffusion des médias par le biais des technologies par câble, satellite ou encore la diffusion hertzienne numérique. Ces acteurs jouent pourtant, en outre, un rôle majeur dans la chaîne de création des œuvres audiovisuelles locales. Grâce à eux, des millions d’euros sont investis chaque année dans la production des œuvres audiovisuelles en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Autre aspect peu connu des publics mais qui occupe ce secteur et les régulateurs depuis plusieurs mois, celui de l’analyse du marché des télécommunications. Cette analyse évalue l’état du marché et a pour objectif d’assurer une saine concurrence à l’intérieur du paysage de la distribution, ce qui peut nécessiter d’imposer des remèdes. Un enjeu de taille qui doit profiter aux consommateur.trice.s, puisque garantir le jeu de la concurrence entre plusieurs acteurs vise à diminuer le prix des abonnements qu’ils proposent.

Bilan d’un secteur peu connu donc, avec Samy Carrere, responsable de l’Unité « Opérateurs & Distributeurs » du CSA.

 

Quel est l’objectif de ce bilan ?

 

Le bilan annuel permet non seulement d’évaluer le respect des obligations des distributeurs et de dresser plusieurs constats, mais il offre également un panorama général des enjeux de régulation et donne dès lors des clés de compréhension. L’idée de cette publication, est que les lecteur.trice.s puissent comprendre ce qu’est un distributeur, mais aussi trouver les dernières données disponibles du secteur. Le distributeur est souvent perçu comme un simple fournisseur de services de médias audiovisuels mais à mon sens, il faut aller au-delà de la pure observation de l’augmentation ou de la diminution du prix des abonnements, des nouvelles offres, etc. C’est pour cette raison que nous avons publié une infographie qui montre à quel point ces acteurs occupent une place centrale au sein de la chaîne de création audiovisuelle.

 

Quelle est cette place centrale qu’ils occupent à l’intérieur de cette chaîne ?

 

Le distributeur est soumis à des obligations qui permettent de participer à la bonne santé du paysage audiovisuel : je pense précisément à leur obligation de contribuer à la production d’œuvres audiovisuelles locales. En fonction de leur nombre d’abonné.e.s ou de leur chiffre d’affaires, ils doivent investir dans de nouveaux films de long ou court métrage, téléfilms, documentaires et séries produits en Fédération Wallonie-Bruxelles. On parle quand même de plus de 6 millions d’euros investis sur l’année 2016. Il s’agit de montants significatifs. J’ajoute que les distributeurs contribuent aussi au financement des télévisions locales, en moyenne à hauteur de 11 à 12% du budget total de celles-ci. Enfin, ils sont également tenus de distribuer sans surcoût pour l’utilisateur une série de chaînes d’intérêt général. Je pense à la Une, la Deux, la Trois, TV5 Monde et les télévisions locales dans leur zone de couverture respective. C’est ce qu’on appelle le must-carry. Les distributeurs occupent donc une place centrale à la fois dans la création et la diffusion des productions audiovisuelles locales. C’est ce que nous avons désiré mettre en avant cette année dans notre bilan.

 

Quels sont les constats ou tendances observées cette année dans le bilan ?

 

On observe plusieurs tendances. On peut regretter a priori que la contribution à la production ait globalement baissé en 2016. Cela s’explique essentiellement par la diminution du chiffre d’affaires de BeTV, qui se répercute mécaniquement dans la contribution à la production. Or BeTV représente à lui seul plus de 40% des contributions à la production du secteur de la distribution. Il faut cependant retenir que les distributeurs continuent de verser plus de 6 millions d’euros à la production audiovisuelle.

Sur le plan des contributions toujours, le soutien financier aux télévisions locales reste stable. En revanche, sur le plan de la « consommation », on observe que l’offre 4play (télévision, internet, mobile, fixe) explose littéralement depuis 2011, même si l’offre 3play reste majoritaire dans les foyers belges.

Enfin, les consommateur.trice.s progressent également sur la voie de la transition numérique qui touche tous les acteurs de l’audiovisuel puisque désormais, 90% des raccordements à la distribution sont numériques. Cette technologie, qui permet un accès interactif aux contenus audiovisuel (VOD, télé rattrapage etc.), se généralise donc.

 

Bientôt le secteur des télécoms sera soumis à une nouvelle « analyse de marché ». Qu’est-ce que cela signifie pour les distributeurs et pour les utilisateur.trice.s ?

 

Une analyse détaillée du marché de la distribution a été réalisée par les régulateurs. Nous avons constaté, à l’issue de cette analyse, un manque de concurrence sur le marché de la radiodiffusion télévisuelle et de l’Internet haut débit. Nous avons identifié des barrières qui freinent la concurrence. Il y a un degré de concentration d’acteurs élevé, avec pour conséquence des prix élevés pour les consommateur.trice.s. En substance, ils ne disposent pas d’un choix assez large d’opérateurs et paient trop cher leurs abonnements. C’est pourtant un objectif réglementaire majeur, que de garantir la concurrence au profit du citoyen.

 

Avec les autres régulateurs belges, nous avons proposé une série de remèdes devant permettre de pallier ce problème. Nous avons lancé une consultation publique qui s’est clôturée le 29 septembre 2017. Nous avons ensuite analysé les observations émises par les répondants et formulé un projet de décision. Ce projet est actuellement en consultation à l’Autorité de la concurrence. Il sera ensuite, après analyse des observations de l’Autorité de la concurrence, notifiée à la Commission européenne.

On espère boucler cette analyse de marché d’ici l’été !

 

Consultez le bilan télédistributeurs

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